Les missions infirmières portées par la pratique avancée - Objectif Soins & Management n° 0284 du 09/12/2021 | Espace Infirmier
 

OBJECTIF SOINS n° 0284 du 09/12/2021

 

Salon infirmier 2021

ACTUALITÉS

Thomas Laborde

  

Depuis la réingénierie du diplôme en 2009, le passage dans un cursus licence, master, doctorat porte la profession vers de nouveaux horizons. Depuis 2018 et l’encadrement de la pratique avancée, les lignes bougent encore. Il s’agit désormais moins d’actes que de missions, expliquent Florence Ambrosino et Tatiana Henriot.

Certes, l’infirmière effectue des tâches. Mais elle gère aussi tout un ensemble d’activités afférentes non comptabilisées, non quantifiées. « Tout ce qui est de l’ordre de l’éducatif, du préventif, de l’accompagnement de la personne dans le parcours de soin... », liste Florence Ambrosino, auparavant infirmière libérale à Marseille, aujourd’hui responsable de formation continue, cofondatrice d’une start-up dont l’objectif est d’accompagner et suivre les patients sous thérapies anticancéreuses orales au domicile. Or, « personne n’est rémunéré pour faire le lien entre les différents acteurs ». C’est là que peut intervenir l’IPA ; « avec une mission d’accompagnement, le champ de connaissances de l’infirmière est élargi. On va au-delà du socle », souligne la spécialiste.

L’IPA développe une activité transverse, de leadership, de collaboration, de recherche, d’enseignement. « Et assure aussi une activité de suivi clinique du patient en alternance avec le médecin », complète Florence Ambrosino.

La difficulté réside dans les contours de l’identité de cette « infirmière qui n’en est plus vraiment une, mais qui n’est pas non plus un médecin. Qui revient en tant qu’experte, mais novice dans ce nouveau rôle ».

Le rôle des cadres et managers

« Le développement de postes d’IPA est un vrai projet global qui inclut la direction des soins, les ressources humaines, la commission médicale d’établissement, les pôles, leurs cadres, insiste Florence Ambrosino. Un cadre de santé ou de pôle peut identifier des personnalités qui se détachent un peu et dont le potentiel est sous-utilisé. Et proposer d’envoyer la personne en formation. »

Mais l’IPA fait toujours peur. « Alors que c’est un rôle complémentaire et non concurrentiel », assure Tatiana Henriot, présidente de l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa). « L’IPA ne va pas empiéter sur le champ du cadre. Il n’a pas de compétences managériales, reprend Florence Ambrosino. Il (ou elle) va faire de la coconstruction mais n’est pas destiné(e) à faire de l’encadrement d’équipe. »

L’IPA, dont l’identité est complexe à définir, devrait permettre de fluidifier les parcours de soins, en renforcement de tous les autres professionnels, et non en substitution. Tout en contribuant à l’enseignement et la recherche. Des missions plus que des actes.

Un label Unicancer pour les Idels ?

Comment transmettre aux Idels, comment intégrer plus celles qui interviennent en cancérologie, comment valoriser leur expertise du domicile, du terrain, comment renforcer les liens avec les 18 centres de lutte contre le cancer répartis sur 21 sites hospitaliers en France ? C’est à ces questions qu’entend donner réponses et solutions la création d’un label Unicancer pour les infirmières libérales intervenant en cancérologie. Christelle Galvez, directrice de soins au CLCC Léon-Bérard à Lyon, a présenté le projet lors du Salon infirmier à Santexpo 2021. 925 professionnelles ont été sondées pour mieux comprendre leurs besoins. En moyenne diplômées depuis 21 ans, elles sont 40 % à avoir déjà exercé en cancérologie, 30 % de leur file active sont des patients atteints de cancer, 35,1 % estiment qu’un label Unicancer permettrait une meilleure coordination de la prise en charge du patient. Une Idel venue des Cévennes pour l’occasion a surtout insisté sur l’idée de proposer des formations pour compléter leur boîte à outils.