La jeune entreprise Désclic mise sur la ludothérapie pour répondre aux problématiques de société (agressions sexuelles, comportements violents, racisme) auxquelles les professionnels accompagnant des publics – animateurs, psychologues, enseignants, travailleurs sociaux, infirmières... – peuvent être confrontés. Elle s’appuie sur un réseau de professionnels pour développer ses activités.
Créée il y a deux ans en Normandie, Désclic est décrite par sa cofondatrice, Alixe Moujeard, comme une entreprise militante, dont l’objectif est d’être bénéfique à la société en répondant aux besoins sur le terrain. Elle développe trois types d’activités inextricablement liées : la distribution et l’édition d’outils ludiques pour les professionnels ; des animations et formations à l’utilisation des outils pour la conduite d’ateliers de sensibilisation et de prévention ; enfin un travail de recherche, mené par une thésarde, en vue de démontrer l’impact de ces outils en identifiant les leviers qui peuvent conduire à un changement de comportement.
Alixe Moujeard, éducatrice spécialisée, a eu l’idée de créer les Éditions Désclic lorsqu'elle travaillait en ITEP (Institut thérapeutique éducatif et pédagogique) auprès d'adolescents porteurs de troubles du comportement. Confrontée à des violences sexuelles perpétrées par des jeunes de sa structure, elle a mobilisé des jeunes et des professionnels spécialisés pour créer un jeu afin de briser le tabou entourant cette problématique. C’est ainsi qu’elle a édité son premier jeu : SéduQ. Depuis, elle applique la même recette en faisant appel à « l’intelligence collective pour mettre au point les outils les plus adaptés aux besoins rencontrés et exprimés par les professionnels. » Par exemple, le deuxième jeu édité par Désclic, Qap, dont la sortie est prévue pour ce printemps, a mobilisé pas moins de 900 personnes. « Pour éditer ce jeu visant à promouvoir l’inclusion du handicap dans le secteur de la santé sexuelle, nous avons monté un cycle de conférences ainsi que des ateliers », explique la cofondatrice.
Désclic développe un réseau de professionnels, en France et en Belgique, qui jouent le rôle d’ambassadeurs-formateurs, ainsi que des partenariats avec des institutions telles que les ARS et l’AP-HP avec laquelle elle mène cinq projets. « Un nouveau jeu en préparation a été créé par une infirmière afin de réduire le risque de non-conformité dans les prises de sang en rappelant les bonnes pratiques. Un autre sera dédié aux services d’addictologie. Il permettra de faire des simulations pour réduire les conduites à risque, mais aussi de rendre plus visibles les services spécialisés dans l’accueil de ces publics », détaille Alixe Moujeard.
À ce jour, 9 jeux sont en cours de développement et une vingtaine sont au catalogue de l’entreprise. « Notre rôle est aussi de rendre visibles des outils qui fonctionnent déjà pour élargir leur portée auprès d’autres professionnels ou d’autres territoires », conclut-elle.