OBJECTIF SOINS n° 0287 du 07/07/2022

 

Gouvernement

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Claire Pourprix

  

L’ancienne ministre déléguée à l’Autonomie est désormais en charge du portefeuille de la Santé et de la Prévention. En pleine crise hospitalière, elle est très attendue par les professionnels de santé pour remettre à flot un système particulièrement fragilisé par le Covid.

Après l’Autonomie, la Santé. Brigitte Bourguignon a succédé à Olivier Véran le 20 mai dernier sous le gouvernement d’Élisabeth Borne, pour prendre la tête du ministère renommé « de la Santé et de la Prévention ».

Âgée de 63 ans, Brigitte Bourguignon a été responsable de service au Centre communal d'action sociale (CCAS) de Boulogne-sur-Mer, sa ville natale, de 1982 à 1985, puis chargée de mission au Conseil général du Pas-de-Calais de 1995 à 2012. Elle s’est engagée dans la création de structures d’insertion sociale et professionnelle dans ce département. Ajointe au maire de Boulogne-sur-Mer de 2001 à 2012, en charge de la « Lutte contre les exclusions, des personnes handicapées et de la petite enfance » puis conseillère municipale de la ville voisine de Marquise entre 2014 et 2018, elle a également présidé le Haut Conseil du travail social de 2016 à 2020. Élue députée du Parti socialiste dans le Pas-de-Calais en 2012, elle a été réélue en 2017 sous les couleurs de la République en marche. À partir de 2017, elle a présidé la commission des Affaires sociales de l’Assemblée nationale, avant d’intégrer le gouvernement de Jean Castex en juillet 2020 en tant que ministre déléguée en charge de l’Autonomie.

Des attentes très fortes

Après avoir géré comme ministre de l’Autonomie la crise de la Covid-19 au sein des Ehpad puis les répercussions des révélations du livre Les Fossoyeurs sur les malversations du groupe Orpea, la nouvelle ministre de la Santé se retrouve aux commandes d’un secteur fragilisé. Crise des vocations, manque d’attractivité des professions soignantes, érosion des effectifs, fermetures de lits et de services d’urgences… Le système de santé, notamment hospitalier, semble arrivé à un point de non-retour. Les attentes des professionnels en sont d’autant plus fortes. Et, bien que la ministre semble bénéficier d’une réputation de sérieux, l’accueil qui lui est fait est plutôt réservé : « Sur son CV, on ne voit pas quelqu’un qui va changer les choses », a déclaré sur France info Olivier Milleron, cardiologue à l'hôpital Bichat (Paris), membre du collectif Inter-Hôpitaux, arguant que Brigitte Bourguignon a été « la députée sous Hollande qui a voté toutes les lois qui ont fait beaucoup de mal à l’hôpital public ».

L’Ordre national des infirmiers (ONI) compte sur les discussions engagées avec le précédent ministre de la Santé : « Tout au long de la crise sanitaire, l’Ordre national des infirmiers a étroitement collaboré avec son prédécesseur, Olivier Véran, dans un climat de dialogue qui a permis de poser les fondations d’une évolution de la profession et d’ouvrir le chantier essentiel de la révision du décret infirmier, afin de répondre aux grands défis de notre système de santé. L’Ordre va poursuivre le dialogue avec la nouvelle ministre et les services de l’État pour faire aboutir ce chantier », selon son communiqué du 21 mai. L’enjeu, selon l’ONI, est de renforcer l’attractivité de la profession et sa reconnaissance.

L’Association nationale des cadres de santé (Ancim) a pour sa part Tweeté que « Les #cadres de santé sont prêts à se mobiliser avec vous pour la grande réforme de nos établissements ! Et reconnaître l’engagement des #managers ».

Un chantier difficile

Lors de sa passation de pouvoir, Brigitte Bourguignon a déclaré qu’elle souhaitait mettre l’accent sur « l’accès aux soins pour tous » et qu’il faudra « poursuivre [les] efforts pour la prévention, consolider, adapter le système de soins en ville, à l'hôpital, avec l'enjeu particulier de cette lutte contre les déserts médicaux ». La nouvelle ministre a souligné que repenser le système de santé « est une tâche difficile ». Toutefois, elle devrait être épaulée pour y parvenir puisque la santé est, au même titre que le pouvoir d’achat et le climat, l’un des trois axes prioritaires du gouvernement d’Élisabeth Borne.