OBJECTIF SOINS n° 0287 du 07/07/2022

 

Salon infirmier

ACTUALITÉS

Pauline Machard

  

S’appuyant sur cette consultation, la Fédération nationale des étudiant.e.s en sciences infirmières presse ses tutelles à améliorer les conditions de formation.

Cinq ans après la dernière étude(1), la Fédération nationale des étudiant.e.s en sciences infirmières (Fnesi) a de nouveau questionné, en ligne, le bien-être de ces derniers. 15 652 réponses (sur un total de plus de 100 000 étudiants), ont pu être exploitées. Les résultats(2) ont été présentés mardi 17 mai, lors du Salon infirmier 2022. Il ressort de cette enquête, déclarative, « une dégradation encore plus importante de la santé physique, mentale et financière des ESI », déplore l’association.

Ils sont 28,1% à dire prendre des somnifères (7,8 % en 2017) depuis le début de la formation et 80,9 % à déclarer souffrir de troubles musculo-squelettiques. 61,4 % constatent une dégradation de leur santé mentale (52,5 % en 2017) et 16,4 % ont même rapporté avoir eu « des pensées noires ou suicidaires », alerte Mathilde Padilla, présidente. 52 % des sondés estiment leur situation financière « mauvaise » ou « très mauvaise », et 1 ESI sur 3 dit arbitrer ses dépenses au détriment de l’alimentation ou des protections menstruelles. Pour certains, ce mal-être global contribuerait à la consommation de cigarettes, d’alcool, de drogues, et pèserait sur la décision d’arrêter la formation (52,9 % y ont pensé).

En cause : entre autres, une importante charge de travail (900 heures de travail personnel notamment), la difficile combinaison avec une pratique sportive (Ifsi délocalisés éloignés des structures sportives universitaires, horaires proposés qui chevauchent les cours ou le stage). Certains disent avoir été harcelés (1 sur 3), discriminés en raison de l’âge, du physique ou de l’origine (26,4 %) ou victimes de violences sexistes et sexuelles (1 sur 6 dit avoir subi une agression sexuelle), lors de leur formation.

Alors que le pays manque d’infirmières, la Fnesi appelle à « considérer celles et ceux qui sont [en Ifsi], en améliorant les conditions de vie et d’études ». Elle avance des idées, comme une refonte du référentiel de formation, avec une réingénierie du temps de travail et des enseignements ; la possibilité de consulter un psychologue gratuitement ; l’augmentation des indemnités de stage à hauteur de 15 % du plafond de la Sécurité sociale ; une plateforme nationale d’évaluation des lieux de stage, etc. Et interpelle les tutelles : « Il est encore temps d’éviter la rupture définitive de notre système de santé. »