OBJECTIF SOINS n° 0287 du 07/07/2022

 

EDITO

Muriel Marc  


*Directrice des formations sanitaires
**Institut régional de formation sanitaire et sociale
***Centre Val de Loire – CRF

Les directives du gouvernement sont de former plus de soignants afin de gérer la pénurie actuelle, particulièrement prégnante. 

Les filières soignantes recrutent, les sélections sont en cours et les futurs candidats postulent. Mais force est de constater que ces recrutements ne sont pas pérennes.

Dans les instituts de formations paramédicales, nous observons que, trop souvent, les projets professionnels ne sont pas suffisamment maturés. Dans bien des cas, les étudiants sont éloignés de chez eux, suivent une formation qu’ils ne connaissent pas et, après le premier stage, les difficultés, tant psychologiques que physiques, se font sentir. Ils choisissent alors de suspendre leur formation et de découvrir un autre métier.

Il est impératif de se demander pourquoi.

Aujourd’hui, les jeunes choisissent leur métier en énonçant leurs exigences : horaires de journée, conditions qualitatives de travail, salaire qui permette de vivre décemment et d’avoir des loisirs. Ils veulent être libres, vivre leur vie sans entrave.

Dans ce contexte, former oui, mais comment, et avec quels moyens ? Comment concilier ces visions ? Qui a raison ? Qui a tort ?

Un vrai travail de communication pour rendre les métiers du soin plus attractifs est à élaborer.

Il est nécessaire de privilégier la qualité de vie au travail, d’individualiser les parcours, de diversifier les modalités d’apprentissage et de renforcer l’innovation pédagogique.

Après ces deux années difficiles où les apprenants ont été mis à rude épreuve, il est urgent de pallier la désertification de soignants qui met les patients en danger. Notre cœur de métier est de prendre soin des autres. Or, nous le savons tous, pour prendre soin des autres, il faut d’abord prendre soin de soi.

Dans ce climat d’injonctions paradoxales, former les soignants de demain est l’affaire de tous : politiques, organismes de formation, employeurs, professionnels de santé et étudiants eux-mêmes. Nous devons nous apprivoiser, nous adapter les uns aux autres.

Apprenons tous à faire un pas de côté afin de donner ou redonner le goût pour les professions de santé. Mettons-nous autour d’une table afin de réformer les métiers du soin de demain.