Nommé ministre de la Santé et de la Prévention le 4 juillet dernier en remplacement de Brigitte Bourguignon, contrainte de céder le poste en raison de sa défaite aux élections législatives, François Braun a pris ses fonctions en pleine crise des urgences, dans un climat tendu en raison du manque d’effectifs, de la remontée des cas de Covid, de la canicule et de la variole du singe.
Chef du pôle Urgences de l’hôpital du CHR Metz-Thionville depuis 2018 et président de Samu-Urgences de France depuis 2015*, François Braun a souvent alerté sur la situation des services d’urgences. Dès sa prise de fonction en tant que ministre de la Santé et de la Prévention, il a d’ailleurs décrit sans détour l’état de l’hôpital, qu’il pratique depuis 1990 comme praticien. « Les urgences générales, pédiatriques, psychiatriques, gynéco-obstétricales sont malades, l’hôpital public n’est pas bien, et tout notre système de santé est à bout de souffle », a-t-il déclaré lors de son discours de passation.
Bien que non « encarté », François Braun a été choisi pour être l’un des référents santé du candidat Emmanuel Macron lors des dernières élections présidentielles. Récemment, il a aussi piloté la Mission flash sur les urgences et soins non programmés. Le rapport remis fin juin 2022 (voir page xx) énonce « 41 recommandations pour l’été qui ont vocation à s’appliquer à l’ensemble des professionnels de santé ainsi qu’aux établissements publics et privés » et propose des « éléments de réflexion sur la teneur des discussions à entamer dans le cadre de la concertation des parties prenantes de la santé ». En pleine première vague de Covid, François Braun s’était activement impliqué dans les transferts sanitaires des patients en réanimation. C’est aussi l’un des acteurs du service d’accès aux soins (SAS), lancé en 2019 dans le cadre du Pacte pour la refondation des urgences, puis réaffirmé lors du Ségur de la santé. En cours d’expérimentation sur 22 sites pilotes, celui-ci est fondé sur un partenariat entre les médecins de ville et les professionnels de l’urgence hospitalière des Samu pour mieux réguler les soins non programmés et éviter l’engorgement des urgences.
À 60 ans, François Braun quitte donc les coulisses pour monter sur la scène politique, où il pourra mettre à profit son expérience du dialogue et des négociations, acquise de longue date dans la sphère syndicale. Persuadé qu’il faut faire tomber les barrières entre la ville et l’hôpital, et ne plus fonctionner en silo, il entend marquer son passage avenue Duquesne. Dans une interview accordée à France Inter le 8 juillet dernier, il déclarait espérer « être le ministre de la Santé qui va porter une réforme de notre système de santé dans l’ensemble ». Son souhait : faire évoluer un système construit sur l’offre de soins vers un système qui réponde aux besoins de santé de la population. Avec, en tête, une préoccupation : la sécurité des concitoyens et des soignants.
Pour l’épauler dans sa mission, l’homme de terrain pourra s’appuyer sur l’expérience politique de la députée Agnès Firmin Le Bodo, pharmacienne de métier, porte-parole d’Horizons depuis 2021, qui a été nommée ministre déléguée en charge de l’Organisation territoriale et des Professions de santé.
* en remplacement de François Braun, le Dr Marc Noizet, chef de service du Samu-Smur 68 et des Services d’accueil des urgences du Groupe hospitalier de la région Mulhouse Sud-Alsace, a été élu président à l’unanimité de Samu-Urgences de France.