DOSSIER
Sébastien Couarraze Tina Georgiakakis Styliani
Infirmier anesthésiste, Formateur à l’Institut de formation en soins infirmiers du Pôle régional d’enseignement et de formation aux métiers de la santé, CHU de Toulouse ; PhD en Sciences de l’éducation et de la formationCadre de santé, CHU de Toulouse
Dans les missions qui lui sont attribuées, le cadre de santé possède, entre autres, un rôle d’accompagnement collectif et individuel des équipes soignantes. Depuis plusieurs années, et d’autant plus avec la crise sanitaire que nous vivons actuellement, le cadre de proximité est en première ligne avec des soignants, parfois épuisés, qui souhaitent quitter les institutions. La problématique dans certaines structures est aiguë avec une réelle pénurie d’infirmières. Nous verrons de quelle manière l’accompagnement du cadre de proximité peut améliorer l’implication des professionnels de santé, et comment une part du chemin doit être réalisée par chacun des acteurs.
L’accompagnement par le cadre de santé(1) rassemble une multitude de pratiques qu’il est nécessaire d’aborder afin d’en distinguer les différences et les similarités(2). Il s’agit également d’identifier dans quel champ de pratique un cadre de santé peut se situer.
Le coaching est défini comme un accompagnement qui « s’adresse à des adultes en situation professionnelle […] centré principalement sur le passage à l’action et l’atteinte d’un objectif »(3). L’auteur décrit le coaching comme mobilisant particulièrement « l’intelligence réflexive dans l’action »(3). Or, le terme réflexif se définit comme étant « propre à la réflexion, au retour de la pensée, de la conscience sur elle-même »(4). Ainsi, nous comprenons que dans le cadre d’un coaching, le professionnel sera accompagné dans l’analyse de ses pratiques, durant le temps nécessaire à l’atteinte d’un objectif fixé dès début de la démarche. Par ailleurs, la pratique du coaching est sous-tendue par un apprentissage spécifique. En effet, comme le mentionne Cardon, « Le coaching est une pratique ou un métier, comme pour un thérapeute, un formateur ou un chauffeur […] il est possible d’accéder à ce métier par plusieurs filières théoriques et pratiques »(5). Le rôle du coach sera donc d’apporter un soutien méthodologique au professionnel, en ayant recours à des techniques spécifiques.
Paul aborde la pratique du counseling comme étant un type d’accompagnement psychologique, éducatif et social qui vise à répondre à une difficulté situationnelle(2). La personne qui réalise cet accompagnement a pour rôle de créer les conditions favorables à un processus de croissance. Contrairement au coaching qui, comme nous l’avons vu plus haut, est plutôt centré sur l’objectif à atteindre, le counseling est une pratique centrée « sur la personne […] et sur l’interaction »(6). L’objectif est de permettre à la personne d’identifier et de modifier ses comportements afin de surmonter les difficultés qu’elle rencontre. Selon Schneider-Harris(7), le counseling, développé aux États-Unis par Carl Rogers, est une pratique d’accompagnement telle que nous pouvons la mobiliser dans la relation soignant/soigné.
Paul explicite que le conseil ou la consultance s’inscrit initialement dans la relation avec un expert qui va verbaliser un avis, sans être décideur(2). Par ailleurs, Lhotellier note qu’il s’agit d’accompagner une personne « dans une délibération préparant une conduite à tenir dans une situation à problème »(8). Selon Paul(2), la pratique a aujourd’hui évolué et tend à s’éloigner d’un rôle d’expert au profit de celui d’un praticien impliqué dans le processus avec les acteurs, dans le but de travailler sur une situation donnée et d’envisager des actions. L’objectif est de permettre à la personne conseillée d’agir, en centrant le travail sur elle-même et sur ses interactions avec d’autres.
La relation de tutelle est définie par Bruner et Michel comme « l’ensemble des moyens par lesquels un adulte ou un spécialiste vient en aide à quelqu’un »(9), à la fois sur le plan psychologique par des attitudes de soutien, et sur le plan pédagogique dans l’acquisition des savoirs. Lorsque Paul aborde le tutorat, elle explique qu’il se situe dans la dyade « formation/travail »(10). Il s’agit d’une relation entre deux personnes, qui permet à celle accompagnée d’acquérir des savoirs et de s’intégrer dans le monde professionnel. Historiquement, Paul explique que ce type d’accompagnement reposait sur la transmission des savoirs d’un maître à un apprenti, où la valeur d’exemplarité était forte. À partir des années 1980, ce modèle a évolué et le tuteur cherche, dans la relation, à favoriser l’implication de la personne accompagnée dans le travail, par le biais d’un « partenariat »(11). Nous retrouvons ici l’idée d’une recherche de positionnement réflexif de la part de l’apprenti. La relation tuteur/apprenti est axée sur le vécu d’une expérience par ce dernier.
Le mentorat s’inscrit initialement dans une relation entre les générations, dans un rapport « expert/novice »(12), qui tend ensuite à évoluer vers une relation entre des pairs. Le mentor transmet un savoir acquis avec l’expérience, à un novice qui est en position d’apprenant. Nous constatons également que le mentorat possède une fonction sociale, en mobilisant le rôle des aînés auprès de générations plus jeunes.
La médiation consiste en l’intervention d’un tiers médiateur dans des situations d’interactions entre des protagonistes. Le médiateur incarne ici une interface entre des protagonistes, et cherche à établir une liaison entre eux. Paul explique qu’il « fait appel aux ressources des personnes et les aide à s’impliquer dans la résolution des problèmes qu’elles rencontrent. »(13)
Le compagnonnage quant à lui est considéré comme une philosophie, dans le cadre d’une relation maître/apprenti, où le compagnon s’engage à transmettre « techniquement et moralement »(14) dans le but de s’élever. La notion d’engagement est très présente dans cette forme d’accompagnement, de la part à la fois de l’accompagné et de l’accompagnant. Par ailleurs, De Castera explique que dans le compagnonnage, l’apprentissage des différentes facettes d’un métier est réalisé « en les pratiquant chaque jour sous le conseil fraternel d’un ancien. »(15) Nous retrouvons ici l’idée d’une transmission identitaire et communautaire.
Nous constatons après avoir exploré quelques aspects des différentes pratiques d’accompagnement qu’il n’existe pas un seul mais plusieurs types d’accompagnement. Si chacune de ces pratiques présente des différences, nous retrouvons néanmoins la relation entre des acteurs comme dénominateur commun. Par ailleurs, nous constatons que les termes « implication » ou « engagement », qu’il s’agisse de l’accompagnant ou de l’accompagné, reviennent de façon récurrente dans les différentes pratiques. Il s’agit d’une démarche active, qui ne peut exister qu’à partir du moment où les protagonistes décident d’y prendre part. Ainsi, si l’accompagnement ne peut a priori se définir qu’en prenant en compte la multitude de pratiques dans lesquelles il intervient, il tend à s’associer, quel que soit le mode d’accompagnement, à la notion d’implication. Afin d’approfondir cette idée, nous allons à travers la littérature essayer d’identifier les similarités entre toutes ces pratiques d’accompagnement.
Après avoir décrit différentes pratiques d’accompagnement, Paul constate que l’ensemble de ces pratiques sont « centrées sur la relation »(16). Par ailleurs, selon Ardoino(17), la relation d’accompagnement se veut intersubjective et interactive. Nous constatons ici que les différentes pratiques d’accompagnement ont la caractéristique commune d’offrir un espace de dialogue entre professionnel et accompagnant. Par ailleurs, cet espace se veut qualitatif sur le plan relationnel, en favorisant les interactions et l’échange entre les acteurs. Paul ajoute que les pratiques d’accompagnement sont « massivement inscrites dans une visée praxéologique […] ayant pour souci d’instaurer des espaces de réflexion au cœur de l’action »(16). Nous pouvons dire qu’en santé, l’accompagnement, par sa visée praxéologique, va amener le professionnel de santé à comprendre ses actions, et le renforcer dans sa capacité à agir.
Par ailleurs, la notion de « réflexion au cœur de l’action » abordée par Paul dans la démarche d’accompagnement, pose la question du sens de l’action. En effet, nous avons vu au fil de la description des différentes pratiques d’accompagnement que la réflexivité en était une composante fondamentale. Nous pouvons supposer qu’interroger ses pratiques professionnelles, analyser ses actions, contribue à affiner sa compréhension. Nous pouvons en déduire que l’accompagnement sera ainsi porteur de sens pour les professionnels.
Nous allons tout d’abord définir le terme d’implication à travers ses aspects étymologiques. Selon Mias(18), le terme implication vient du latin implicatio qui signifie « enchaînement, entrelacement, embarras ». Le verbe impliquer vient également du latin im-plicare, et signifie « plier dans, entortiller, emmêler »(18). Nous pouvons noter que ces différents termes suggèrent quelque chose de contraint, d’enfermé, voire confus.
Selon le CNRTL, l’implication désigne « ce qui est impliqué dans quelque chose, ce qui est contenu sans être exprimé »(19). Ainsi nous comprenons que le terme implication est associé à quelque chose de l’ordre de l’implicite. Thévenet(20) définit l’implication comme étant « l’engagement des personnes dans leur travail ou dans différentes facettes de celui-ci ». Nous remarquons dans cette définition que le terme implication est ici associé à l’engagement. Par ailleurs, Thévenet précise que « la personne s’implique dans une activité parce qu’elle s’y reconnaît »(21). Nous percevons ici que l’implication est intrinsèquement liée à l’individu et à la façon dont il s’identifie à l’action qu’il entreprend. Thévenet précise également que l’on ne peut pas impliquer une personne, mais que l’on peut créer les conditions favorables à son implication. Il est toutefois nécessaire d’être conscient que malgré des conditions optimales, l’individu seul peut choisir de s’impliquer. Nous pouvons envisager ici que travailler sur les conditions qui vont favoriser l’implication professionnelle sous-tend, pour le manager, d’accepter de ne pas maîtriser le résultat, et nécessite ainsi une certaine humilité.
L’exploration du terme implication met donc en évidence différents éléments. L’individu choisit de s’impliquer, on ne peut l’y obliger. L’implication est associée à une action : l’individu impliqué s’inscrit donc dans une dynamique, dans laquelle nous comprenons qu’il serait à la fois décisionnaire et contraint et, par là même, acteur et passif. Pour autant, la définition de l’implication renvoie à l’implicite, et à la capacité à s’identifier à une action avant de l’entreprendre. En ce sens, nous pouvons poser l’hypothèse que la notion de contrainte dans l’implication se rapporte aux limites mêmes de l’action entreprise, dans laquelle l’individu prend la décision d’agir.
Mias décrit que l’implication professionnelle repose sur un triptyque Sens/Repères/Contrôle. En effet, il explique que : « L’implication professionnelle n’est pas de même nature suivant le sens que les individus donnent à leurs conduites, en fonction des repères qui les guident, et selon le sentiment qu’ils ont de contrôler (plus ou moins) leurs activités professionnelles. »(22)
Ce modèle met donc en évidence trois grands axes : le sens, les repères et le sentiment de contrôle. L’activation de chacun de ces champs va ainsi conditionner le niveau d’implication de l’individu. Afin de comprendre les différentes dimensions de ce triptyque, nous allons approfondir chacun de ces axes.
Tout d’abord, le sens se définit comme étant « la raison d’être, valeur, finalité de quelque chose, ce qui le justifie et l’explique »(23). Le terme renvoie donc au fait que l’individu soit en capacité de comprendre la signification de l’action qu’il réalise. Mias ajoute que le sens se définit également comme étant une direction « qui permet de voir à partir d’un point donné, vers quoi on va, ou vers quoi on veut aller, et par où on est passé »(24). Nous trouvons dans cette définition l’idée d’un cheminement et d’étapes, ainsi que la capacité à se projeter vers la finalité de l’action entreprise.
Ensuite, les repères rassemblent à la fois le champ de l’identité professionnelle, dans ses différentes dimensions, historique, culturelle, sociale, et les éléments stables de l’environnement de travail, sur lequel le professionnel peut s’appuyer. Nous entendons ici les aspects réglementaires, institutionnels dans la pratique professionnelle. À ce titre, Mias précise que « utiliser des cadres connus et des repères partagés est une manière de trouver et de donner du sens à des actions menées collectivement, entre pairs. »(25) Nous identifions ici que les repères interagissent avec le sens abordé plus haut.
Enfin, le sentiment de contrôle se rapporte spécifiquement à l’action et à la façon dont le professionnel se situe dans celle-ci. Mias spécifie que « ce n’est qu’avec l’assurance de la reconnaissance (d’abord intra-individuelle, puis publique) de son efficience et par la confiance acquise en ses possibilités que l’individu pourra s’investir sincèrement et efficacement dans une action future. »(26) Nous comprenons ici que, d’une part, le professionnel impliqué possède une certaine autonomie dans l’action, et d’autre part, il se sait capable d’agir et il est reconnu par des tiers comme étant compétent dans l’action entreprise. Concernant le sentiment de contrôle, Seligman(27) précise que le fait de ne pas exercer de contrôle sur l’environnement professionnel dans lequel on évolue pourrait avoir un impact important, entre autres, sur le domaine professionnel pour l’individu. Cet aspect nous renvoie à la verticalité des décisions institutionnelles à l’hôpital, et à leur effet potentiel sur les soignants. Par conséquent, elle interroge également le rôle et la posture du cadre de santé dans la diffusion et la traduction de ces décisions, afin que les professionnels de santé puissent conserver ce sentiment de contrôle, nécessaire à leur implication.
Les trois champs que nous venons d’aborder constituent les fondements d’un système où chaque axe, en fonction de son degré d’activation, va déterminer le niveau d’implication du professionnel. Mias précise que « les actions ne sont possibles que si leur sens se conjugue avec des repères »(26). Elle met en exergue l’interdépendance entre sens, repères et action dans l’activation de l’implication professionnelle. Ainsi, plus les éléments de ce système seront activés, plus le professionnel sera impliqué. Au fur et à mesure de nos lectures nous constatons également que nous ne parlons pas d’absence d’implication mais plutôt d’implication passive, dans un axe implication active/passive. Nous allons donc essayer de comprendre ce qui distingue l’implication active de l’implication passive à partir des différents éléments du modèle tridimensionnel de l’implication de Mias.
Nous avons constaté qu’un professionnel qui se situe dans une implication active verra celle-ci évoluer en fonction du degré d’activation de chaque élément du modèle. Par opposition, si aucun des champs n’est activé, le professionnel se situera dans une implication dite passive. Ainsi, il n’y a pas de professionnel impliqué et d’autres non impliqués, mais bien des professionnels impliqués activement à différents degrés, et d’autres impliqués passivement. Cazeneuve(28) aborde les différentes formes d’implication active ou passive en fonction de l’activation des différents champs du modèle tridimensionnel de Mias. Dans ses travaux, il décrit que l’implication passive, résultant de l’absence d’activation de l’ensemble des éléments sens/repère/contrôle, s’exprime soit par une absence de prise de position, soit par un détachement moral de l’exercice.
L’auteur aborde trois natures d’implication active :
- l’implication « stratégique et émotionnelle »(29) concerne les professionnels qui prennent une part active dans leurs activités. Cette forme d’implication constitue pour eux une source de plaisir. Les trois éléments du modèle de Mias y sont activés ;
- l’implication « institutionnelle et idéologique »(29) se caractérise par l’activation des repères et du contrôle de l’action, sans que le sens ne soit activé. Ici les professionnels ont la volonté de s’adapter sans toutefois y trouver de sens. Cazeneuve (2012) décrit qu’ils font « un effort d’adaptation entre les contraintes du contexte et leurs propres valeurs »(29) ;
- enfin, l’implication « revendicative »(29) se caractérise par la seule activation du sentiment de contrôle. Le professionnel est dans une recherche d’échanges et de reconnaissance. Il ne comprend pas entièrement l’environnement dans lequel il évolue, mais son implication reste qualifiée d’active car il résiste et cherche à se faire entendre dans ses positions.(30)
Par ailleurs, Mias aborde la notion d’engagement comme étant liée à la nature de l’implication du professionnel. L’auteur définit l’engagement comme étant individuel et concernant la relation qu’un individu entretient avec une décision et les actions générées par cette décision. Il se distingue de l’implication par le fait que celle-ci renvoie à un positionnement individuel plus global, en lien avec l’action mais également dans la façon dont le professionnel se situe dans le milieu professionnel où il évolue. Selon Lac(31), là où l’engagement est individuel, l’implication est individuelle et collective. Mias explique également qu’un « engagement désimpliqué » qui serait la résultante d’une contrainte, d’une influence extérieure à prendre part à une action, serait corrélé à une « implication désengagée », qui sera donc peu à même de perdurer. Nous comprenons ici que l’action réalisée sans réflexion préalable, ni appropriation, conduira à une inertie chez le professionnel en termes de participation. Cela suppose que le rôle du cadre de santé est d’accompagner cette réflexion autour de l’action, afin de lui donner du sens. L’objectif ici est de permettre au professionnel de participer activement à ce qui lui est demandé, dans la durée.
Mias aborde le manque d’implication en le comparant à « une maladie socio-somatique »(32) liée à un défaut d’explicitation des conflits internes de l’individu. En ce sens, elle explique que « ne pas pouvoir dire […] c’est perdre toutes chances de s’impliquer réellement, et rester impliqué passivement, pour, au bout du compte, se désinvestir »(32). L’implication est ainsi intrinsèquement liée au verbe, et parler revient déjà à majorer son implication dans le sujet ou l’action abordée. L’auteure ajoute que « L’économie d’une analyse de pratiques, le refuge dans un ensemble de schémas d’actions acquis de longue date, enferme l’individu dans une évaluation non distanciée […] voire même appauvrissante, de sa pratique professionnelle »(32). Ainsi, nous pouvons en déduire que le professionnel qui ne dispose pas d’espaces de réflexion et de verbalisation autour de ses pratiques risque fortement de se retrouver prisonnier d’une implication passive jusqu’à se désinvestir de son terrain d’exercice professionnel voire de le quitter temporairement ou définitivement. Afin de diminuer les risques pour le professionnel de se retrouver dans une situation d’implication passive, Bataille, cité par Mias, préconise de favoriser une démarche d’analyse des éléments implicites qui composent la pratique professionnelle « dans une mise à plat de son rapport à, dans la possibilité de parler de soi, dans la prise de distance par une mise en commun, une mise en débat. »(32) Ainsi, l’implication active d’un professionnel pourra être soutenue par l’accès à des espaces d’échanges, distanciés du quotidien, dans une visée réflexive autour des pratiques professionnelles. L’impact de la pandémie de Covid-19 n’a peut-être pas été évalué à sa juste valeur. Les conséquences sont bien plus importantes pour certains soignants qui ne se retrouvent plus dans ce métier qu’ils avaient pourtant choisi d’embrasser. La perte de sens et de repères conduit certains à ne plus s’y impliquer, voire à préférer quitter leur métier. Dans tous les cas, la pandémie a et aura des conséquences graves sur les soignants.
Un professionnel qui entre dans une démarche collaborative au sein de la vie institutionnelle, qui y participe, y apporte son concours, est inscrit dans une implication consciente, qu'il souhaite et qu’il construit, non pas seul, mais avec le concours d’autres professionnels. Son implication sera dite active.
Par opposition, le professionnel qui, de fait, « prend part » à la vie institutionnelle mais sans « prendre parti » à l’intérieur de celle-ci, s’inscrit dans un vécu contraint, imposé, provenant d’éléments extérieurs. Il sera inscrit dans une implication que Mias qualifie de soumise. Nous pouvons nous interroger sur l’effet d’une implication de ce type, qui, corrélée à un vécu professionnel contraint, influencera négativement la qualité de vie au travail des professionnels. Malheureusement, ce désintéressement peut aller jusqu’à choisir de quitter l’institution dans laquelle le professionnel ne se reconnaît plus.