Santé publique
ACTUALITÉS
En juin dernier, à l’issue d’un travail mené avec l’Institut Paris Région, l’Association des maires d’Ile-de-France (Amif) a publié un livre blanc. Son enjeu : s’interroger sur la place des communes dans le système de soins, alors que cette région « est devenue, faute de dispositifs à la hauteur des enjeux, le premier désert médical métropolitain ». De son étude de la situation sont nées 30 propositions.
« L’Amif estime que le temps est venu de donner une place plus importante aux collectivités, et en premier lieu aux communes dans le système de santé de notre pays », exposent les représentants de l’association dans l’éditorial de leur livre blanc* intitulé « La santé en Ile-de-France. État des lieux et propositions pour agir ». Ils ajoutent que « leurs initiatives doivent être mieux reconnues, encouragées et soutenues ».
L’Ile-de-France se caractérise par des disparités très importantes tant en matière de conditions de vie, d’état de santé des populations que d’accès aux soins, en fonction de la localisation des personnes. Pollution atmosphérique, bruit, vétusté des logements comptent parmi les facteurs de risque importants du territoire. Si a priori la santé des habitants est satisfaisante – les taux de mortalité par pathologies sont significativement inférieurs à la moyenne nationale pour quasiment l’ensemble des causes –, dans les faits la situation est bien plus contrastée. Le rapport pointe que, selon les territoires franciliens, on a relevé 8 années d’écart d’espérance de vie à la naissance entre 2012 et 2016 ! Des écarts intimement liés aux inégalités sociales de santé. Autres traits marquants : les infections sexuellement transmissibles circulent plus qu’ailleurs, et la région enregistre le plus de cas de tuberculose et de saturnisme infantile en France.
« L’offre hospitalière francilienne est dense, diversifiée et compte des services de pointe, d’importantes capacités de formation et de recherche, et de nombreux partenariats institutionnels ou industriels », détaille le livre blanc de l’Amif, mais cela se vérifie surtout au centre de la métropole. Depuis 5 ans, tous les départements pâtissent d’une « diminution drastique de l’offre de médecins généralistes », la situation étant particulièrement tendue en périphérie de la région et en Seine-Saint-Denis. Les infirmiers libéraux sont en sous-dotation dans l’ouest francilien. Autre constat : « Des territoires denses de la métropole du Grand Paris sont en déficit de structures médico-sociales dédiées à la dépendance, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et aux publics spécifiques ». Conclusion : au vu de la dynamique de désertification médicale, « le nouveau zonage de mars 2022 montre une situation extrêmement tendue, avec désormais deux-tiers de l’Ile-de-France en zone d’intervention prioritaire (ZIP). Ce constat démontre l’importance d’une action publique locale et proportionnée dépassant largement le champ traditionnel de la santé entendu comme organisation de l’offre de soins ».
À l’issue d’auditions des maires, l’Amif constate que ces derniers s’impliquent dans l’accès aux soins de leurs administrés, mais aussi de plus en plus dans une approche plus large de santé publique, allant de la prévention à la promotion de la santé, aux déterminants de santé tels que les facteurs environnementaux. Embrassant également une conception large de la santé, l’association émet ses propositions dans une double temporalité : le quotidien et le long terme.
Ces propositions servent 5 objectifs : attirer des professionnels de santé sur son territoire pour pallier les déserts médicaux, coordonner les acteurs et veiller à une meilleure réparation territoriale, créer une politique de santé adaptée à son territoire, coopérer davantage entre acteurs de la santé pour des politiques de santé plus efficaces, favoriser une acception plus large des politiques de santé pour améliorer l’état de santé des populations.