Les établissements de soins rencontrent actuellement des difficultés de fonctionnement en raison d’une pénurie de personnel, tous métiers confondus, comme sans doute ils n’en avaient jamais connu, ni même envisagé. La fuite de l’hôpital semble être, pour les soignants, un moyen de se protéger d’un exercice devenu trop pénible. Les nouveaux venus, mais aussi parfois des personnels expérimentés, médecins, infirmiers, aides-soignants, souhaitent une meilleure qualité de vie, qui passe par des modifications profondes du rapport au travail : moins de contraintes, moins de confrontation aux difficultés, en particulier à la souffrance, au vieillissement, à la misère sociale. La crise sanitaire, mais aussi les autres (énergétique, climatique, politique) ont certainement, comme pour bien des métiers, joué un rôle d’accélérateur dans ce processus inédit.
Il semble que les propositions émises jusqu’à présent (amélioration salariale, aménagement des organisations, etc.) ne suffiront pas à stopper l’hémorragie et à attirer les professionnels dans des institutions en souffrance.
Des solutions, sans doute inédites, sont nécessaires. Elles demanderont certainement des actions politiques, mais n’émergeront que si les acteurs du soin sont présents pour analyser la situation de façon approfondie et exprimer leurs attentes. Ils contribueront ainsi à trouver des réponses permettant la poursuite d’une démarche soignante qualitative, tant pour les soignés que pour les soignants. Faute de quoi, le remède risque d’être pire que le mal, les solutions proposées laissant les acteurs du soin insatisfaits, contribuant à l’entretien des difficultés et enfonçant un peu plus le système dans le marasme actuel.
Pour cela, l’expression et l’engagement de toutes et tous est indispensable.