OBJECTIF SOINS n° 0289 du 30/09/2022

 

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Claire Pourprix

  

Depuis 30 ans, Hello Bus va à la rencontre des habitants de la métropole lyonnaise, notamment des plus fragiles, pour mener des actions de sensibilisation et de prévention.

À bord d’Hello Bus, bus info santé social de la Métropole de Lyon, Marie-Pierre Poux, infirmière, fait équipe avec Thierry Combe, conducteur, et Isabelle Dussurgey, assistante sociale. « Nous touchons principalement un public de personnes en situation de grande précarité, des femmes isolées, des migrants, des habitants qui maîtrisent mal la langue française. Dans notre action, l’accompagnement social est essentiel pour leur permettre d’avoir un accès aux droits et donc aux soins. L’un ne va pas sans l’autre, d’où la présence du travailleur social pour outiller les personnes en les informant sur leurs droits », explique Marie-Pierre Poux. Cela fait 20 ans qu’elle parcourt le territoire lyonnais pour informer, prévenir, aider les personnes à accéder aux soins et/ou les épauler dans leurs parcours de soins, ou les remobiliser lorsque la complexité des démarches les incite à abandonner.

Hello Bus est né il y a 30 ans, avec le VIH. À l’époque, il stationnait sur les places publiques pour sensibiliser la population aux risques de transmission du virus et améliorer la prévention. Sa mission a évolué, mais son ADN reste identique : aller à la rencontre des publics qui en ont besoin, au plus près de leur lieu de vie. « Nous travaillons en étroite collaboration avec les Maisons de la Métropole de Lyon (MDML), les associations, les services de santé municipaux, les ateliers santé ville, les centres sociaux, les foyers d’hébergement, les structures d’insertion, etc., en lien avec les publics précaires », témoigne Marie-Pierre Poux.

Hello Bus mène deux types d’actions : des séances en petit groupe – le nouveau bus inauguré en juin dernier est équipé d’une banquette en U d’une dizaine de places – autour de thématiques prédéfinies avec les partenaires, et des stands sur des thèmes de santé publique, notamment à l’occasion de mobilisations nationales ou locales : Octobre rose, Semaine bleue, Journée mondiale du diabète, etc. « Nous organisons aussi des permanences pour recevoir des personnes individuellement, notamment quand il s’agit d’aborder des thèmes difficiles à exprimer en public, ou lorsque la santé mentale des personnes le justifie. Nous les accueillons avec du café, du thé, et les personnes viennent quand elles veulent, parler du sujet de leur choix », ajoute Marie-Pierre Poux.

L’infirmière a longtemps travaillé dans l’humanitaire, chez Médecins sans frontières. « J’ai toujours été attirée par l’international, l’altérité, la différence culturelle. Avec Hello Bus, je suis au contact de tous publics, dont beaucoup sont issus de l’immigration et ne maîtrisent pas notre langue, souligne-t-elle. Mon rôle est d’informer, d’expliquer, avec une approche infirmière : par exemple lorsque l’on parle de diabète, j’explique ce qui se passe dans le pancréas plutôt que de simplement dire qu’il ne faut pas manger de sucre. Comme un généraliste, je peux aborder de nombreuses thématiques, et ensuite je passe la main à un spécialiste. » D’ailleurs, les séances sont bien souvent organisées en coanimation avec des spécialistes (gynécologue, addictologue…) qui peuvent ensuite prendre en charge les personnes. « L’activité du bus dans ses différentes dimensions amène un vrai savoir-faire en terme « d’aller vers ». Il vient ainsi en appui à la mise en œuvre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté. Il est un trait d’union entre la santé et le social, entre les MDML et les partenaires associatifs et institutionnels, entre les demandes des publics et les politiques publiques », conclut l’infirmière.

Hello Bus intervient majoritairement dans l’est et le sud de l’agglomération, là où habitent la majorité des populations précaires. Il effectue en moyenne 4 à 5 sorties de demi-journées par semaine. Sur l’année, ce sont ainsi une centaine d’actions qui sont menées, soit 150 à 180 interventions par an, permettant de toucher 3 000 à 3 500 personnes.