OBJECTIF SOINS n° 0289 du 30/09/2022

 

Rapport

ACTUALITÉS

Claire Pourprix

  

L’édition 2022 du rapport annuel « Les établissements en santé », réalisé par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees), présente les données de 2020, première année de la crise sanitaire de Covid-19. Chiffres et analyse à l’appui, il montre à quel point l’épidémie a affecté l’activité hospitalière.

Le rapport de la Drees « Les établissements de santé » est une mine de données détaillées et d’informations sur l’évolution de l’activité hospitalière en France. L’édition 2022, en portant sur les données 2020, est la première à mesurer l’impact de la crise sanitaire.

Organisation et spécificités

Le rapport consacre un chapitre entier au Covid-19 et détaille l’organisation hospitalière au travers de 27 fiches thématiques. Certaines décrivent l’activité, les capacités des structures hospitalières, les évolutions des effectifs et la rémunération des personnels, d’autres concernent des secteurs spécifiques (médecine, chirurgie, obstétrique – MCO – et odontologie), s’intéressent à des disciplines hospitalières (psychiatrie, hospitalisation à domicile, soins de suite et de réadaptation, parcours de soins hospitaliers) ; d’autres encore sont consacrées aux aspects spécifiques de l’activité hospitalière (équipements chirurgicaux et d’anesthésie ou d’imagerie médicale, maternités et caractéristiques des accouchements, médecine d’urgence, IVG, qualité des soins et sécurité du patient dans les établissements de santé). Enfin, deux fiches dédiées à la situation économique du secteur portent sur les médicaments et dispositifs médicaux onéreux et la part des établissements de santé dans la consommation des soins.

Des usages modifiés par la crise

Globalement, en 2020, le nombre de journées d’hospitalisation partielle a baissé de 23,5 %, celui des séjours d’hospitalisation complète de 12,4 % : des données allant à l’encontre des tendances observées les années précédentes. Le nombre de passages aux urgences a, lui, chuté de manière inédite de 17,3 % en 2020, après 20 ans de croissance.

La progression de l’hospitalisation à domicile (HAD) s'est accélérée : en 2020, contrairement aux autres grandes disciplines de court et moyen séjour, les établissements de HAD ont vu leur nombre de séjours augmenter de 15,8 % (contre une progression annuelle moyenne de 4,6 % de 2013 à 2019) et leur nombre de journées de 10,5 % (contre + 5,4 % sur les 6 années précédentes). Une progression due à la fois à la prise en charge de patients Covid-19 et au report de l’activité des établissements de médecine, chirurgie, obstétrique vers la HAD.

Le taux d’occupation des lits en 2020 a atteint 77,1 %, à comparer avec un taux moyen de 82,6 % de 2017 à 2020. Le nombre de lits a quant à lui régressé de 1,2 % en 2020, contre - 0,9 % par an en moyenne de 2013 à 2019.

Secteurs public et privé à but non lucratif se sont réparti l’activité de manière non uniforme : le premier assure les prises en charge les plus complexes, telles que les soins de longue durée, la psychiatrie, les soins en hospitalisations complètes en MCO ; le secteur privé prédomine pour les séjours d’hospitalisation partielle en MCO et HAD. L’activité de soins de suite et réadaptation (SSR) est quant à elle répartie sur les deux secteurs en proportion comparable. Les cliniques privées ont assuré 65 % de la chirurgie ambulatoire.

Le nombre d’IVG a baissé de 4,8 % en 2020 en France par rapport à 2019 et, du fait de la crise sanitaire, 30,5 % d’entre elles ont été réalisées hors structure hospitalière (contre 26,4 % en 2019).

Enfin, les effectifs salariés du secteur public ont augmenté de 1,9 %, toutes fonctions confondues, pour faire face à la crise.

Des dépenses de 100,5 milliards d’euros pour le secteur hospitalier

En 2020, le secteur hospitalier a représenté près de 50 % de la consommation de soins et biens médicaux, soit 6,3 % de la consommation finale effective des ménages. Sur 100,5 milliards d’euros de dépenses pour le secteur hospitalier (dont 92,8 % financés par l’Assurance maladie), 78,7 milliards ont été affectés au secteur public, à savoir les établissements publics et l’essentiel des établissements privés à but non lucratif, et le solde au secteur privé hospitalier (cliniques privées à but lucratif).