Marielle Boissart

« Le fil conducteur de mon parcours repose sur une approche dialogique « clinique, formation, recherche », explique Marielle Boissart. Cette approche se fonde sur l’acculturation des professionnels de santé à l’utilisation, la production et la diffusion des pratiques fondées sur des preuves qui rendent intelligibles nos activités au profit de la qualité, la sécurité, la pertinence des soins ou des différentes pratiques dans notre exercice professionnel. »

Une IDE attirée par l’encadrement et la recherche

Marielle Boissart commence sa carrière comme infirmière au CH de Périgueux (Périgord) en 1997. Après 7 années d’exercice dans différents services, elle accepte un poste de faisant fonction de cadre en chirurgie – « J’avais déjà de l’appétence pour l’encadrement des étudiants, pour la pédagogie », se souvient-elle – et rejoint l’IFCS de Pau, où elle effectue en parallèle une licence Science de la vie et de la santé. Cadre de santé formateur à l’Ifsi du CH de Périgueux pendant un an, elle déménage dans les Bouches-du-Rhône, où elle intègre l’Ifsi Ifas-Ifap du CH d’Aubagne en 2007.

« Le référentiel de formation infirmière est arrivé en 2009 et j’éprouvais le besoin de davantage réfléchir sur nos pratiques, comprendre le sens de ce référentiel. L’approche par compétences était nouvelle à l’époque ! » Elle suit alors, sur financement et temps personnels, un master à distance de recherche internationale francophone dans les sciences de l’éducation, à l’université de Rouen. « Cela m’a conduite à produire un travail de recherche sur le référentiel de formation infirmière en tant que levier de la professionnalisation des étudiants. » En licence, elle avait ressenti un certain plaisir à chercher à comprendre l’intérêt d’utiliser les données probantes dans les différents environnements de pratiques. Le master mené en 2009-2011 lui permet d’approfondir ce champ et lui offre l’opportunité de poursuivre une thèse, de 2012 à 2014. Son sujet : « La formation infirmière : l'ingenium à l'œuvre d'une organisation professionnalisante pour les étudiants et les cadres de santé formateurs ». Marielle Boissart obtient dans la foulée la qualification aux fonctions de maître de conférence en sciences de l’éducation, lui accordant un statut d’enseignant-chercheur associé au Centre interdisciplinaire de recherche normand en éducation et en formation (Cirnef) de l’université de Rouen, et la garantie de garder un lien étroit avec la recherche universitaire.

En parallèle, la jeune cadre de santé poursuit son ascension professionnelle : encouragée par la directrice des instituts de formation d’Aubagne à évoluer vers une fonction de cadre supérieure de santé, elle réussit le concours en 2014 et accède au poste d’adjointe à la directrice des instituts. Évolution suivante : la formation de directeur des soins à l’École des hautes études en santé publique (EHESP), en 2018.

Double mission de coordination

Elle est alors nommée coordonnatrice générale du GHT Haute Bretagne formations initiales (instituts et écoles du CHU de Rennes et du CH de Fougères), soit 14 écoles et instituts qui emploient 116 personnes et forment 1 600 étudiants dans différentes filières. Marielle Boissart dédie 70 % de son temps à cette fonction. Dans ce cadre, elle pilote et implémente le premier projet stratégique de territoire de ce GHT avec six orientations prioritaires : le développement de la qualité, l’accompagnement à l’intégration universitaire – un projet phare d’expérimentation universitaire pour la formation infirmière est en cours avec l’université de Rennes –, la promotion de la recherche en soins et santé, le rapprochement avec les services cliniques et le développement de partenariats locaux, nationaux et internationaux, la consolidation du GHT, enfin le renforcement de la démocratie étudiante et en santé. Elle participe également à la mise en place du dispositif de la formation de master en pratique avancée de l’université de Rennes. Et, dans le cadre d’un partenariat avec l’EHESP, contribue aux échanges de pratiques et à la construction identitaire des directeurs des soins.

Trente pour cent de son temps sont dévolus à la coordination paramédicale de la recherche en soins au CHU. Elle travaille de concert avec la coordination générale des soins, les directions Recherche innovations, Ressources humaines et Communication à « définir et mettre en œuvre la politique de recherche en soins, en adéquation avec le projet d’établissement ». À ce titre, elle assure la responsabilité de l’équipe de recherche paramédicale au Centre d’investigation clinique (CIC Inserm 1414 - CHU Rennes - Université Rennes) et de l’équipe d’appui à la recherche en soins du CHU, toutes deux créées en 2022. De plus, son activité de gardes de direction au sein du CHU lui confère l’opportunité d’optimiser les liens entre les interlocuteurs, les activités et les organisations des pôles cliniques et de formation, tout en y incrémentant la dimension de la recherche. 

En 2021, elle a présidé le comité scientifique des 6^es Journées francophones de la recherche en Soins (JFRS) organisées par le réseau du Groupement interrégional recherche clinique et innovations du Grand-Ouest (Girci-GO) et le CHU d’Angers sur le thème « Des professions, des disciplines… une recherche, pour une culture commune et des soins plus pertinents » (photo). « In fine, au-delà des bénéfices directs pour les usagers du système de santé, les recherches interprofessionnelles et interdisciplinaires participent de la mise en œuvre concertée et efficiente des politiques de santé et des plans d’actions grâce aux données probantes qu’elles génèrent pour des prises de décisions ad hoc », expose-t-elle. Marielle Boissart est aussi – entre autres – membre de la Commission nationale des coordonnateurs paramédicaux de la recherche (CNCPR), et contribue au Girci-GO.

Depuis 10 ans, elle s’investit également dans le champ associatif. Au sein de l’Académie des sciences infirmières (ASI), elle a été élue vice-présidente en février 2023. L’ASI vise à « produire, promouvoir, évaluer, diffuser les travaux sur la recherche en soins infirmiers et favoriser l’utilisation des connaissances qu’elle génère ». Au sein aussi du Comité d’entente des formations infirmières et cadres (Cefiec), elle est vice-présidente de la formation initiale infirmière depuis 2019. « Le Cefiec souhaite être acteur, contribuer à l’évolution des dispositifs de formation. » Pour preuve : la publication récente d’un livre blanc sur « L’activité des formateurs en instituts de formation », co-dirigé par Marielle Boissart et Isabelle Bayle, vice-présidente recherche innovation. Toutes deux ont présenté ces travaux lors du dernier congrès du Sidiief, le Secrétariat international des infirmières et infirmiers de l’espace francophone, à Ottawa. Par ailleurs, Marielle Boissart représente le Cefiec et la France en tant que membre expert au Conseil consultatif sur la formation infirmière du Sidiief. Elle contribue ainsi à l’élaboration d’une stratégie spécifique pour l’évolution des programmes de formation en sciences infirmières à l’échelle internationale et au leadership de la profession.

« La visée qui me caractérise dans mon exercice professionnel consiste à donner de l’humanité à nos environnements de travail », conclut Marielle Boissart, pour qui l’enjeu est de « contribuer au développement du potentiel de santé de la société à travers le renforcement des compétences des acteurs de santé publique, par des formations de haute qualité articulant professionnalisation et pratiques fondées sur des données probantes, notamment dans le champ des sciences infirmières. »

Les travaux et publications de Marielle Boissart sont répertoriés sur : https://orcid.org/0000-0002-8080-3721