OBJECTIF SOINS n° 0293 du 01/06/2023

 

ACTUALITÉS

« Le corps des femmes a été peu étudié, et par conséquent mal soigné », constate Antonella Viola, infectiologue. Le système de R&D, de production, d’accès au diagnostic, aux médicaments et produits de santé défavorise les femmes, les personnes LGBTQI et celles des pays à ressources limitées, considérées comme moins rentables et discriminées. Concrètement, cela se traduit par l’absence de traitement contre l’endométriose et de diagnostic non invasif, alors qu'il s'agit d'une affection courante qui a fait l’objet de très peu de recherche sur ses causes et facteurs. Autre cas : le manque de prise en compte des différences morphologiques, qui a par exemple conduit des femmes à sous-doser leur prise quotidienne d’antirétroviraux contre le VIH pour réduire la toxicité, au risque de moins bien contrôler le virus et de développer des résistances. Ou encore, récemment, la tension sur l’approvisionnement de pilules abortives, faute de production locale. D’où la conclusion de cet article collectif : « L’accès aux soins et à des produits de santé adaptés aux besoins de tous et toutes ne pourra être réel que si ce système est repensé avec une approche féministe. »

Le Monde, 8 avril 2023.

À l’heure du bilan du Conseil national de la refondation (CNR) Santé, le ministre François Braun, mise sur une « boîte à outil » constituée de dizaines d’initiatives et d’expérimentations locales réplicables pour rétablir l’efficacité du système de santé. Celles-ci sont le fruit des échanges réalisés au cours de quelque 250 réunions organisées depuis le lancement du CNR il y a 7 mois, auxquelles ont participé pas moins de 10 000 personnes de différents horizons. « L'avenir est dans la coopération : entre médecins et soignants, entre ville et hôpital, entre soignants et personnels administratifs », a souligné le ministre, convaincu que « les solutions sont dans les territoires ». Le rôle de l’État sera de lever les blocages réglementaires. Chaque département ou territoire pourra librement s’inspirer de ces initiatives, et les agences régionales de santé pourront déroger à certaines normes réglementaires. Autre annonce : la généralisation, d’ici la fin de l’année, du service d'accès aux soins via le 15 pour désengorger les urgences, grâce à un pré-diagnostic.

Les Échos, 4 mai 2023.

Comment expliquer l’augmentation du nombre de médecins intérimaires dans les hôpitaux publics ? Que penser du plafonnement des salaires en intérim ? L’hôpital public peut-il fonctionner sans les médecins intérimaires ? Pour répondre à ces questions, Le téléphone sonne a donné la parole aux auditeurs et à deux experts : Éric Réboli, médecin urgentiste remplaçant, président du Syndicat national des médecins remplaçants des hôpitaux (SNMRH), et Arnaud Chiche, médecin anesthésiste réanimateur, fondateur du collectif Santé en danger. Les enjeux sont multiples, quand on sait que, d’après le ministère de la Santé, le recours à l'intérim dans les centres hospitaliers aurait augmenté de 69 % entre 2019 et 2022. Ils seraient entre 10 000 et 12 000 d’après le SNMRH, qui estime que le plafonnement de leur rémunération pourrait générer la fermeture de 200 services.

« Qui sont les soignants intérimaires de l’hôpital ? », émission diffusée le 3 avril 2023 à écouter sur : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-du-lundi-03-avril-2023-3592301

Le magazine Envoyé Spécial du 13 avril 2023 nous plonge dans le quotidien des soignants et résidents de l’Orée de Sésame, une maison d'accueil pour adultes autistes et trisomiques. Depuis l’été 2021, la moitié du personnel a démissionné. Les conditions de travail sont devenues de plus en plus difficiles pour ceux qui sont restés, malgré leur dévouement, leur attachement à ce métier et aux résidents. Ils ne sont plus que deux pour s’occuper de dix résidents, contre quatre auparavant. Source de mal-être et d’angoisse pour les personnes accueillies – qui ont particulièrement besoin de stabilité –, d’épuisement professionnel pour les personnels, la pénurie de main-d’œuvre impacte la qualité de la prise en charge. « Nous avons été malgré nous maltraitants envers vos enfants », explique son directeur, Étienne Michon, aux proches désemparés d’apprendre que leur enfant ne pourrait pas rester dans la maison d’accueil. Faute de personnel, l’établissement a dû se résoudre à réorienter 9 des 35 résidents sur d’autres structures.

Pour voir le reportage en replay : https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/envoye-special/video-cherche-aides-soignants-desesperement_5766800.html