carrière hospitalière
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Une étude publiée cet été par la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) montre qu’entre 1989 et 2019, 54 % des infirmières hospitalières le sont toujours après dix ans de carrière.
D’après cette étude de la Drees, après dix ans de carrière à l’hôpital, les infirmières hospitalières sont 54 % à occuper leur poste d’infirmière à l’hôpital ; pour le reste des effectifs, elles sont 11 % à continuer d’être infirmières salariées mais dans une autre structure, et 7 % à toujours exercer à l’hôpital mais dans un autre secteur. Sept pour cent d’entre elles ont définitivement quitté la profession.
Cette étude livre d’autres enseignements : la part d’infirmières exerçant encore à l’hôpital dix ans après le début de leur carrière varie au fil des générations. Ainsi, pour celles qui sont entrées dans le métier entre 1990 et 1994, elles sont encore 69 % à exercer à l’hôpital dix ans après, mais cette proportion chute à 64 % pour les infirmières ayant débuté entre 2005 et 2009. Globalement, les chiffres indiquent également que la part des infirmières hospitalières occupant encore cette profession dix ans après le début de leur carrière décroît d’année en année : elle est passée de 60 % pour celles ayant commencé en 1990 à 50 % pour leurs homologues ayant embrassé la profession vingt ans plus tard.
Une fois l’emploi salarié à l’hôpital quitté, où ces infirmières partent-elles exercer ? L’étude de la Drees révèle qu’elles se tournent principalement vers l’exercice libéral, sous conditions d’expériences : pour rappel, il faut notamment justifier de deux ans d’expérience comme infirmière salariée dans une structure de soins généraux sous la responsabilité d’un médecin ou d’une infirmière cadre, ou de six mois d’expérience en tant que remplaçante d’une infirmière libérale.
Dans les statistiques livrés par la Drees, on apprend ainsi que 13 % des infirmières ont un emploi indépendant cinq ans après leurs débuts et 17 % après 10 ans ; certaines occupent un exercice mixte en étant partiellement libérales et salariées. Assez peu d’infirmières se tournent vers une activité indépendante dans d’autres secteurs : cela ne touche que 1 % de la profession après cinq ans et 3 % après 10.
Enfin, quelques-unes de ces infirmières qui ont quitté l’hôpital se retrouvent dans la catégorie des personnes n’exerçant plus une profession en France, soit en étant au chômage, soit en exerçant à l’étranger : cela concerne tout de même 5 % des infirmières après 5 ans et 11 % après 10 ans, sans que l’étude n'enseigne précisément où elles se classent.
La Drees ne livre pas réellement de pistes d’explication : si elle reconnaît que le fait de devenir mère puisse conduire à diminuer son volume de travail salarié (cette baisse est évaluée à 0,14% d’un équivalebnt temps plein – EQT – cinq ans après la naissance d’un premier enfant et 0,22 % dix ans après), elle considère que cela n’explique pas forcément les sorties de l’emploi salarié. Cette diminution traduit le recours au travail à temps partiel, qui reste comparable à ce que connaissent d’autres secteurs de l’emploi salarié.
Pour le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), les causes de cette désaffection sont à chercher de trois côtés.
Tout d’abord des salaires insuffisants malgré la revalorisation du Ségur : les infirmières sont tentées d’aller voir ailleurs, en Belgique (+ 30 % selon le SNPI) ou en Suisse (salaire brut doublé).
Ce désamour pour l’emploi infirmier hospitalier s’explique également, selon le SNPI, par les sous-effectifs chroniques : « Il y a 60 000 postes infirmiers vacants et 10 % des soignants sont en maladie », rappelle Thierry Amouroux, porte-parole du syndicat.
Enfin, ce dernier pointe les conditions de travail inacceptables, citant la mise en insécurité, la perte de sens et l’épuisement professionnel.
Du côté de l’Ordre national des infirmiers, si l’on reconnaît de nouvelles aspirations de la part des professionnels, on insiste sur le fait qu’il « n’y a pas de crise de vocation dans le secteur infirmier, la formation en Ifsi fait partie des plus demandées sur Parcoursup », comme le rappelle Patrick Chamboredon, président de l’Ordre.
La profession appelle à de nouvelles mesures pour réveiller l’attractivité du métier.