OBJECTIF SOINS n° 0294 du 31/08/2023

 

Risques psychosociaux

ACTUALITÉS

Anne Lise Favier

  

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) vient de livrer une étude* sur le risque de dépression et d’anxiété liée aux conditions de travail.

Le Ségur de la santé et de nombreux travaux récents ont montré que le personnel hospitalier ne va pas bien. Une nouvelle étude de la Drees, basée sur l’enquête nationale Épidémiologie et conditions de vie (EpiCov) enfonce le clou en montrant qu’au cours de l’été 2021, le personnel hospitalier a déclaré plus souvent que les autres personnes en emploi des symptômes de dépression et d’anxiété, exprimant davantage le besoin de consulter pour des difficultés psychologiques. Ainsi, à l’hôpital, 41 % des personnes interrogées ont des symptômes de dépression légère à sévère (contre 33 % dans la population générale) ; ces symptômes rendent pour un tiers d’entre eux leur travail à l’hôpital difficile, tout comme leur capacité à s’entendre avec les autres ou à gérer le quotidien. Les personnes travaillant à l’hôpital déclarent davantage avoir besoin d’aide pour des difficultés psychologiques, notamment en ayant recours à un professionnel : selon l'étude EpiCov, 11 % du personnel hospitalier a consulté pour la première fois depuis mars 2020 (contre 7 % sur l’ensemble de la population). Elles sont également plus nombreuses à consommer des médicaments en lien avec des problèmes d’anxiété, de sommeil ou de dépression. Selon la Drees, ces résultats peuvent s’expliquer par les conditions de travail : « Les situations de tension au travail comportant une demande psychologique forte et une latitude décisionnelle faible, identifiées comme accroissant ces risques, sont plus fréquentes à l’hôpital », explique-t-elle, rappelant l’intensification du travail au plus fort de la crise sanitaire liée au Covid-19. Autre facteur que pointe la Drees : la féminisation très importante de l’emploi hospitalier, arguant que « le genre a un impact important sur les indicateurs de santé mentale, l’anxiété et la dépression étant plus fréquentes chez les femmes ». Les tensions avec les collègues sont également un facteur à prendre en ligne de compte ainsi que le fait de devoir repousser un arrêt maladie. Pour toutes ces raisons, la prévalence de la dépression et de l’anxiété a augmenté ces deux dernières années : reste à voir si cette tendance va perdurer ou si des solutions vont enfin permettre au personnel hospitalier de sortir de cette crise.

*Drees. À l’hôpital, une prévalence accrue de la dépression et de l’anxiété liée aux conditions de travail. Études et résultats n°1270, juin 2023. https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2023-06/ER1270.pdf