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Selon Gérald Kierzek, urgentiste, anesthésiste-réanimateur, directeur médical de Doctissimo et chroniqueur à Télématin, il faut « tordre le cou à l’idée que si les urgences sont encombrées, c’est parce que des patients n’ont rien à y faire et y ont abusivement recours ». Il estime que restreindre l’accès aux urgences « revient à leur demander de faire un autodiagnostic dangereux ! ». Autre écueil : la fermeture des structures à faible activité d’urgence et obstétrique, effectuée « à juste titre », implique que les autres accueillent de plus en plus de patients, jusqu’à 200 à 250 par jour, alors qu’un service doit rester à « taille humaine ». Il souligne aussi que la chirurgie ambulatoire doit être réalisée au bénéfice du patient, et non pour des questions de gestion des flux et de réduction du nombre de lits. Enfin, pour éviter que les étudiants en médecine soient attirés par les spécialités les plus rémunératrices et non par celles qui répondent à un besoin de santé publique, il préconise de repenser les modes de rémunération.
T, la revue de La Tribune, « Santé, un équilibre en jeu ? », bimestriel, avril 2023.
Pour affiner leur diagnostic, les personnels de santé ont de plus en plus recours à l’intelligence artificielle (IA). Jusqu’où faut-il aller ? L’IA est par exemple testée de manière expérimentale aux urgences, pour orienter plus rapidement les patients.
Pour Gabrielle Chenais, doctorante-chercheuse à l’Inserm, « Ce système aura du mal à capter les nuances que seul un œil humain peut percevoir ». Elle souligne aussi les questions éthiques posées par ces systèmes intelligents – la nécessité d’informer le patient, la liberté du soignant de refuser les recommandations de l’IA… – et légales : que se passe-t-il justement si un soignant ne suit pas ce que préconise l’IA ?
Michel Dojat, directeur de recherche Inserm, relève quant à lui l’intérêt de l’IA en matière d’imagerie : elle est capable de « détecter des changements subtils non visibles à l’œil nu », à condition qu’elle sache reconnaître ses limites et dire « je ne sais pas ». Il souligne que « en proposant des diagnostics rapides sur les cas les plus simples, l’IA permet au praticien de dégager du temps pour ses interactions avec le patient. »
Troisième point de vue, celui de Laurence Devillers, professeur d’IA à Sorbonne-Université et chercheuse au LISN (CNRS) : « Nous devons apprivoiser les systèmes d’intelligence artificielle pour comprendre lorsqu’ils produisent un résultat juste, incertain ou totalement faux ». Elle plaide aussi pour l’instauration d’une « loi, de normes ainsi que des règles éthiques pour encadrer l’utilisation de systèmes prédictifs, afin de minimiser les risques de manipulation et de dépendance ».
Inserm, le Magazine, n° 57, juin 2023.
La mission de réflexion sur « les aides publiques permettant de limiter le reste à charge des résidents en Ehpad », pilotée par la député socialiste Christine Pirès-Beaune, préconise une remise à plat complète du modèle dans son rapport remis le 26 juillet dernier. En réponse, le gouvernement a déclenché une aide exceptionnelle de 100 millions d’euros pour les Ehpad et les sociétés de service à domicile en difficulté. L’enjeu est d’endiguer les cessations de paiement de ces structures, mises à mal par l’inflation, et qui ne peuvent pas revaloriser leurs prix au dépens de personnes âgées modestes. Une concertation associant État, départements et fédérations professionnelles du secteur va être lancée pour rechercher des solutions sur le long terme. Il y a urgence : d’après une enquête de la Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa), 65 % des établissements et services étaient déficitaires fin 2022 et 36 % auront épuisé leurs réserves financières si le déficit dure plus d'un an.
Les Échos, 27 juillet 2023.
Une nouvelle étude estime l’incidence des cancers en France pour l’année 2023 et actualise l’analyse des évolutions depuis 1990. Cette année, sont enregistrés 433 136 cas de nouveaux cancers toutes localisations confondues. Les taux d’incidence standardisés monde sont de 355 cas pour 100 000 personnes-années chez l’homme et 274 chez la femme. Le taux d’incidence progresse de 0,9 % par an chez la femme, tous cancers confondus, depuis 1990. L’augmentation est de 0,3 % chez l’homme : après avoir progressé jusqu’en 2005, le taux d’incidence a diminué et semble se stabiliser depuis 2012. Les tendances récentes de deux cancers sont notables : celui de la prostate, dont l’incidence augmente depuis 2015, et celui de la thyroïde, dont l’incidence diminue depuis 2014.
Bulletin épidémiologique hebdomadaire n° 12-13, 4 juillet 2023.