L’Anact publie un référentiel

L’accord national interprofessionnel* stipule notamment que la qualité de vie au travail « peut se concevoir comme un sentiment de bien-être au travail perçu collectivement et individuellement qui englobe l'ambiance, la culture de l'entreprise, l'intérêt du travail, les conditions de travail, le sentiment d'implication, le degré d'autonomie et de responsabilisation, l'égalité, un droit à l'erreur accordé à chacun, une reconnaissance et une valorisation du travail effectué ». Dans le secteur de la santé, peut-être encore plus qu’ailleurs, cette approche permet de faire le lien à la fois avec la qualité des soins prodigués et l’attractivité de la profession, dans un contexte de crise qui perdure.

Dans la droite ligne de cet accord, les partenaires sociaux ont adopté en 2020 l’appellation « qualité de vie et des conditions de travail » (QVCT) dont l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (Anact) s’est saisie pour produire aujourd’hui un référentiel**. Si celui-ci ne donne aucune recette « miracle », il dresse un cadre général synthétique qui rappelle les principes de la QVCT et évoque différents repères pour guider, soutenir et inspirer sa mise en place. « S’intéresser aux enjeux concrets du travail est une nécessité pour développer un travail soutenable, rappelle l’Anact en préambule, et l’un des plus sûrs leviers pour construire l’avenir des entreprises dans leur territoire ».

Dans les  principes et méthodes, quelques incontournables à retenir : partager une vision de la QVCT en interne, piloter la démarche de façon concertée, favoriser le dialogue sur le travail, expérimenter de nouvelles façons de travailler et enfin, évaluer la démarche et partager les résultats. Les sujets en lien avec la QVCT touchent aussi bien l’organisation que le contenu et la réalisation du travail et peuvent aussi traiter des compétences et du parcours professionnel. La qualité de vie au travail s’attache aussi au respect de l’égalité et au dialogue social et professionnel. Deux autres domaines d’actions, transversaux, sont également au cœur de ce thème : le projet d’entreprise et la santé au travail alliée à la prévention.

Améliorer la qualité

Bien entendu, ces thématiques sont plus ou moins importantes selon le milieu professionnel dans lequel la QVCT est mise en œuvre. Le secteur de la santé se trouve confronté à trois enjeux majeurs : la lutte contre l’absentéisme, l’amélioration de la qualité de la prise en charge des patients et la nécessaire attractivité des établissements. À ce titre, les outils de la QVCT doivent permettre de répondre à ces enjeux. Dans son référentiel, l’Anact pointe une triple ambition que chaque entreprise ou organisme doit traduire à son niveau et à sa façon selon ses enjeux et ses besoins mais aussi ses possibilités.

Ainsi, dans une démarche QVCT, il convient de concilier amélioration de la santé des salariés et performance globale de l’entreprise. Comment ? Par exemple, en prenant le temps de définir des objectifs de la démarche QVCT entre la direction et le personnel et d’organiser un temps de travail pour s’entendre sur cette notion de qualité de vie au travail. Il faut aussi donner à chacun le pouvoir d’agir sur son travail : « Cela permet notamment de soutenir les coopérations, de développer les compétences, d’enrichir le sens du travail et de trouver des solutions adaptées », estime l’Anact. Elle insiste, par exemple, sur la notion de confiance entre les niveaux hiérarchiques et l’autonomie des salariés. Bien sûr, l’hôpital subit des contraintes propres qui font qu’il ne se gère pas comme n’importe quelle entreprise, mais le dialogue et la recherche de solutions y ont toute leur place.

S’épanouir pour mieux vivre son travail

Dernier point des ambitions pointées par l’Anact, l’amélioration du travail, au temps présent mais aussi pour le futur, en anticipant les changements. Elle cite l’exemple de l’expérimentation de nouveaux modes d’organisation ou le lien entre QVCT et démarche qualité, responsabilité sociale des entreprises (RSE) ou prévention. Dans les faits, ce sont des thématiques dont le secteur de la santé s’est déjà largement saisi, mais qui donnent encore, malgré tout, du fil à retordre.

Sur la méthode, l’Anact insiste sur le collectif et le partage pour mettre en place cette QVCT, la faire évoluer et surtout, la pérenniser. Dans son référentiel, elle donne l’exemple de six sujets permettant « de prendre en compte les dimensions qui contribuent à la qualité du travail, [à] ses conditions de réalisation et [les] conditions d’emploi ». Ainsi, il convient de s’attacher à l’organisation, au contenu et à la réalisation du travail, de permettre à chacun de se développer et d’envisager son avenir professionnel, mais aussi d’assurer l’égalité au travail (genre, métier, âge, maladie ou situations particulières).

Pour permettre à chacun de trouver du sens à son travail, l’Anact insiste sur l’intégration de chacun dans le projet de l’entreprise, en veillant à construire une organisation managériale soutenante et une qualité de l’information, surtout lors de changements ou de difficultés collectives. Bien sûr, le dialogue social, entre les représentants du personnel et la direction, et le dialogue professionnel au sein des équipes sont également une composante forte de la QVCT, tout comme la santé au travail et la prévention.

Reste à voir concrètement sur quels éléments peut s’appuyer le monde de la santé pour parvenir à mener une politique QVCT bienveillante et pragmatique, dans un contexte où le personnel reste en souffrance.

• *Anact. Accord national interprofessionnel du 19 juin 2013 « Qualité de vie au travail », étendu par l’arrêté du 15 avril 2014 portant extension d’un accord national interprofessionnel vers une politique d’amélioration de la qualité de vie au travail et de l’égalité professionnelle. https://www.anact.fr/

• **Référentiel Qualité de vie et des conditions de travail, 31 juillet 2023, https://www.anact.fr/referentiel-qualite-de-vie-et-des-conditions-de-travail