OBJECTIF SOINS n° 0297 du 01/02/2024

 

Fondamentaux

MÉTHODES PÉDAGOGIQUES

Laurent Soyer

   infirmier   M. Sc (Recherche en sciences de l’éducation)   cadre de santé   formateur en Ifsi

  

La carte mentale (carte heuristique, carte conceptuelle, topogramme) est une méthode pédagogique active(1) fondée sur une représentation graphique arborescente permettant d’organiser et structurer, à l’aide de connexions sémantiques et de liens hiérarchiques, des idées, des notions ou des concepts.

Nous retrouvons des traces de cartes mentales au XIIe siècle sous forme d’arbor scientae (arbre des sciences) reliant des concepts scientifiques (philosophiques) et théologiques(2). Aujourd’hui, la carte mentale (mind map) découle du fruit des recherches sur l’apprentissage, le cerveau droit et la mémoire menées par le psychologue anglais Tony Buzan(3).

Fixer les règles de base

- Expliciter les objectifs de la carte mentale.

- Composer les groupes d’apprenants.

- Souligner que la carte mentale est collective et donc représente la synthèse du groupe.

- Préciser les consignes particulières (ex : liens avec unités d’enseignement, accès à des ressources internes (centre de documentation et d’information – CDI) ou externes (Internet).

- Préciser la durée de chaque étape : phase de réflexion, phase de mise en œuvre, phase de présentation/restitution.

Animer la création d’une carte mentale

- Une fois les règles de base énoncées, le formateur est peu, voire non interventionniste.

- Les omissions ou erreurs sont utilisées lors de la présentation/restitution, de manière à solliciter leur repérage visuel par l’ensemble des apprenants.

- Proposer au fil de l’eau des ressources : banque d’images libres de droit, gif animés…

- Inviter les apprenants à régulièrement prendre (littéralement) du recul pour regarder leur carte mentale à distance (design, clarté visuelle, liens mis en évidence…).

- Inciter à utiliser des ancrages mémoriels : formes graphiques (encadrés, bulles…), images, logos, pictogrammes, couleurs qui permettent de repérer plus facilement les idées.

Obstacles potentiels

- Non-maîtrise d’un logiciel de création.

- Réajustements difficiles en version papier : moins modulable qu’avec un logiciel où la carte mentale peut évoluer (retrait /ajouts de données).

Moment d’utilisation de la carte mentale

- Réaliser des cartes mentales de synthèse et/ou de révision des unités d’enseignement (UE).

- Réaliser des synthèses visuelles de situations cliniques : recueil de données (UE 3.1 S1), macrocible (UE 3.1 S2).

- Structurer une analyse des pratiques professionnelles (APP).

- Présenter de manière originale et synthétique un projet de soins (UE 3.2).

- Présenter une action d’éducation en santé (UE 4.6 S3).

- Synthétiser une procédure (UE 4.8).

- Synthétiser un programme d’éducation thérapeutique du patient (ETP) (UE 4.6 S4).

- Relier différentes dimensions autour d’une thématique ou d’un concept central (ex : le soin, le handicap, l’écoute active…).

Méthodes pédagogiques actives

• Visée pédagogique :

- cerner et organiser sous forme visuelle synthétique les représentations ou les connaissances principales autour d’une thématique déterminée,

- mémoriser des éléments d’apprentissage essentiels.

• Objectifs :

- faire émerger les représentations ou les connaissances,

- créer des liens entre les différentes idées, concepts ou dimensions,

- fédérer le groupe,

- favoriser la mémorisation (notamment la mémoire visuelle et l’attention visuospatiale(4) / cerveau droit),

- catalyser la créativité,

- faire travailler tout le cerveau : hémisphère gauche (mots, concepts, logique, détail, analyse) et hémisphère droit (forme, couleur, espace, synthèse),

- permettre a posteriori une réactivation rapide, efficace et ludique des connaissances(5),

- faciliter l’apprentissage chez les étudiants présentant des troubles spécifiques du langage et des apprentissages (TSLA), communément reconnus via le préfixe « dys » (dyslexique, dysorthographique, dyspraxique…) qui peuvent plus facilement focaliser leur attention sur des éléments visuels, des mots clés ou des idéogrammes.

Critères d’évaluation :

- groupe de 5 à 10 apprenants maximum,

- respect de la thématique ciblée,

- représentation synthétique : utilisation de mots clés,

- exhaustivité des éléments essentiels à mémoriser,

- clarté de la représentation,

- logique dans l’arborescence : utilisation de ligne de liaison, flèches…,

- originalité / créativité dans la représentation.

Clés

- Très faible temps de préparation.

- Augmente le sentiment d’auto-efficacité (SAE) et donc la motivation des apprenants(6).

- Favorise la pensée créative(7).

- Personnifie la formation.

- Renforce l’identité professionnelle.

Matériel 

- Feuille de paperboard + marqueurs + scotch.

- Tableau blanc interactif (TBI).

- Ordinateur : création numérique libre.

- Logiciel spécialisé en création de cartes mentales.

Compétences développées par les apprenants

- Compétences spécifiques et transverses (pensée critique, communication, leadership).

- Compétences de communication interpersonnelle : expression orale en public, adaptation du message au public.

- Compétences relationnelles : écoute active(8).

- Compétences collaboratives : ouverture d’esprit, co-construire un consensus, agir pour atteindre des objectifs communs, négocier des choix collectifs…(9).

- Compétences de synthèse : structurer sa pensée, hiérarchiser ses idées.

- Compétences graphiques : dessiner, utiliser les codes visuels (typographie, couleurs…), utiliser les logiciels de graphisme.

  • Notes
  • 1. Soyer, L. et Tanda, N. (2022). Les méthodes pédagogiques actives. Pour catalyser l’engagement collectif des apprenants. Objectif Soins & Management, (285), 62-67.
  • 2. Bonner, A. (1989). Selected of Ramon Llull (1232-1316). Romance Philosophy, 43(1), 235-239.
  • 3. Buzan, T. et Buzan, B. (2012). Mind map, dessine-moi l'intelligence. Eyrolles.
  • 5. Akoun, A. et Pailleau, I. (2013). Apprendre autrement avec la pédagogie positive. Eyrolles.
  • 6. Bandura, A. (2003). Auto-efficacité : le sentiment d’efficacité personnel. De Boeck.
  • 7. Lipman, M. (1995). A l’école de la pensée. De Boeck Université.
  • 8. Rogers, C. (2005). Le Développement de la personne. Dunod-InterEditions.
  • 9. Sanojca, E. (octobre, 2019). Pistes méthodologiques pour développer des compétences collaboratives en enseignement supérieur. Communication au colloque QPES 2019, "(Faire) coopérer pour (faire) apprendre ?". https://www.innovation-pedagogique.fr/article5756.html