Après Agnès Buzyn, Olivier Véran, Brigitte Bourguignon, François Braun, Aurélien Rousseau puis Agnès Firmin Le Bodo (en intérim)… c’est au tour de Catherine Vautrin d’être nommée ministre de la Santé. À la tête d’un super ministère englobant Travail, Santé et Solidarités, elle entend agir avec « autorité, audace et engagement ».
La valse des ministres se poursuit ! Catherine Vautrin, présidente du Grand Reims et de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), a rejoint le gouvernement « resserré » de Gabriel Attal le 11 janvier dernier. Un temps pressentie pour le poste de Premier ministre en 2022, mais écartée au profit d’Élisabeth Borne en raison de sa proximité avec Nicolas Sarkozy dont elle était la porte-parole lors de la primaire de 2016, elle embrasse finalement un très grand ministère : Travail, Santé et Solidarités, le 4e dans l’ordre protocolaire. À 63 ans, elle succède à la Santé à Agnès Firmin Le Bodo, présente dans le gouvernement depuis 2022, qui avait été nommée le 20 décembre 2023 ministre de la Santé et de la Prévention à la suite de la démission d'Aurélien Rousseau, malgré sa mise en cause dans une affaire de cadeaux illicites du laboratoire Urgo lorsqu’elle travaillait en officine de pharmacie.
Catherine Vautrin n’a pas d’expérience dans le monde médical. Diplômée en droit des affaires à l’Université Paris-Descartes, elle a commencé son parcours professionnel dans le secteur privé, au sein d’une compagnie d’assurances (Cigna), avant d’embrasser une carrière publique. Élue conseillère municipale à Reims de 1983 à 1999, députée (UMP-RPR) de la Marne de 2002 à 2004, puis de 2007 à 2017, elle a été vice-présidente de l’Assemblée nationale de 2008 à 2017. Ses premières fonctions ministérielles datent de 2004, année où elle rejoint le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin au poste de secrétaire d’État à l’Intégration et à l’Égalité des chances, puis aux Personnes âgées.
En 2005, elle devient ministre déléguée à la Cohésion sociale et à la Parité sous le gouvernement de Dominique de Villepin. Présidente du Grand Reims (ex-communauté d’agglomération Reims Métropole) depuis 2014, elle s’est éloignée de sa famille politique pour soutenir la candidature d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle de 2022.
Au vu de la taille de son ministère, Catherine Vautrin devrait être épaulée par des ministres délégués ou secrétaires d’État*. Georges-François Leclerc a été nommé directeur de son cabinet, poste qu'il a déjà occupé auprès de Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, de 2007 à 2009.
Si la Santé perd un ministère de plein exercice, au grand mécontentement des acteurs de la santé, de nombreux dossiers d’ampleur attendent pourtant la ministre et son équipe : sortie de crise de l’hôpital public, attractivité des métiers de la santé, gestion des déserts médicaux, des pénuries de médicament, mais aussi réforme de l’aide médicale de l’État (AME), réforme des études paramédicales et aboutissement du projet de loi sur la fin de vie… Connue pour ses idées conservatrices – elle s’est opposée au mariage pour tous en 2013, avant de revenir sur sa position l’année dernière –, Catherine Vautrin a semble-t-il voulu rassurer l’opinion en rendant hommage à Simone Veil lors de la passation avenue Duquesne au moment « où son texte fondateur doit être gravé dans le marbre de notre Constitution », en faisant référence à l’inscription de la liberté de recourir à l’interruption volontaire de grossesse dans la Constitution.
« J’ai l’habitude d’être directe et je vais d’ores et déjà tenir un langage de vérité : oui, notre secteur de santé et notre secteur médicosocial ne manquent pas de défis », a-t-elle aussi déclaré. « C’est aujourd’hui l’une des grandes ambitions de ce mandat auquel je vais consacrer toute mon énergie : réarmer notre système de soins, à l’hôpital public, notre trésor national, comme en médecine de ville, en partant du vécu du patient, redonner du temps médical. Dans ce domaine le dialogue social sera une priorité absolue. Je veux donner aux soignants le pouvoir de construire, de construire leur quotidien, de construire l’hôpital qui leur ressemble. »
Lors de sa première interview, accordée àEurope 1/Cnews le 14 janvier, Catherine Vautrin a dévoilé sa méthode : « l’écoute, le dialogue et le respect ». Interrogée sur la mise en œuvre de la réforme de l’AME, à laquelle nombre de soignants sont opposés, elle a répondu : « Je ne fais pas partie de celles et ceux qui pensent que les rapports servent à caler les étagères. Donc très concrètement, je vais commencer par prendre connaissance de ce rapport », et échanger avec ses auteurs, Claude Evin et Patrick Stefanini. Déterminée à « avancer rapidement sur le sujet » de la fin de vie – en concédant ne pas avoir de difficulté personnelle à aborder ce sujet – , à « rendre du temps médical » aux médecins, ou encore à faire en sorte que les engagements financiers pris pour l’hôpital deviennent réalité, la doyenne du gouvernement a déclaré qu’elle agirait avec « de l’autorité, de l’audace et de l’engagement », car « c’est ce qu’attendent les Français ».
* Leur nomination n’était pas connue à la date du bouclage.