Alors que l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est désormais inscrite dans la Constitution française grâce à l’alinéa de l’article 34, depuis le 4 mars 2024, faisant de la France le premier pays au monde à inscrire dans sa Constitution la liberté de recourir à l'IVG, nombreuses sont les femmes qui éprouvent des difficultés pour accéder à ce dispositif, tant les déserts médicaux grandissent et les conditions de fonctionnement des centres sont complexes. Cet alinéa précise que : « La loi détermine les conditions dans lesquelles s'exerce la liberté garantie à la femme d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse ».
À l’initiative de Simone Veil, cette loi légitime le combat des femmes durant des décennies pour acquérir ce droit. Nous pourrions penser que c’est une grande victoire ! Pour autant, pour l’Ordre national des sages femmes, il reste énormément de chemin à parcourir et cela « ne doit pas masquer les difficultés grandissantes d’accès à l'avortement » ni « l'absence de plus en plus marquée de médecins volontaires pour réaliser les IVG, notamment dans certains territoires ». Le manque de matériel, la fermeture des centres d’orthogénie, la pénurie de médicaments abortifs sont autant d’obstacles pour permettre un accès serein à l’IVG, acte ô combien difficile psychologiquement. De plus, les conditions de présence médicale, qui perdurent dans cette loi, renforcent les difficultés, expliquent les représentants de l’Ordre des sages-femmes. En effet, le texte impose la présence de trois médecins dans chaque centre et d’un médecin « en capacité de réaliser des embolisations artérielles, présent uniquement dans les très grands établissements de santé ».
Le ministre chargé de la Santé Frédéric Valletoux a précisé qu’il souhaitait que le décret paru en décembre dernier, qui permettra aux sages-femmes de pratiquer des IVG chirurgicales, évolue afin de faciliter l’accès à l’IVG à toutes les femmes et dans toutes les régions de France. Ainsi, chaque corps de métier concerné devrait être convié à une réunion au ministère pour faire évoluer ce premier texte qui, s’il est une victoire, reste bien en deçà des attentes. Une affaire à suivre.