Le Programme hospitalier de recherche clinique national (PHRC-N) a été créé en 1992 pour « répondre aux défis majeurs de santé » en permettant aux équipes de recherche de financer leurs travaux dans les structures de santé. Pour ses 30 ans, le ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités a organisé mi-janvier 2024 un événement afin de présenter son bilan et évoquer l’avenir.
Depuis 30 ans, chaque année, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) lance un appel à projets de recherche permettant aux équipes hospitalières sélectionnées d’obtenir un financement dans le cadre de l’enveloppe attribuée au PHRC-N. L’objectif de ce programme est triple : dynamiser la recherche clinique hospitalière pour promouvoir le progrès médical, participer à l’amélioration de la qualité des soins par l’évaluation de nouvelles méthodes diagnostiques et thérapeutiques, valider scientifiquement les nouvelles connaissances médicales pour repérer des innovations thérapeutiques et mettre en œuvre des stratégies de diffusion dans le système de santé.
Lors de la célébration des 30 ans du PHRC-N le 18 janvier dernier, Albane Miron de L'Espinay, adjointe au chef du bureau de l'Innovation et de la Recherche clinique de la DGOS, a présenté le mode opératoire de la sélection et du suivi des projets. Depuis 1993, les crédits alloués aux projets ont fortement augmenté, une tendance particulièrement marquée ces 10 dernières années. En 2022, une centaine de projets ont été financés, pour un montant de 80 000 k€. En parallèle, d’autres programmes de financement de la recherche sont apparus : PHRC-i, PHRC-K, PRT-S, PRT-K, PMRE, PREPS, PHRIP, ReSP-Ir. L’ensemble des projets de recherche appliquée en santé sont suivis sur la plateforme SIRANo.
La Pr Nadia Aissaoui, du service de médecine intensive réanimation de l’hôpital Cochin (AP-HP), conseillère médicale DGOS, a expliqué qu’entre 2012 et 2019 (avant la pandémie de Covid), 3 103 projets ont été soumis et 763 financés, soit 24,6 %. Parmi ces derniers, « 231 soit 30,3 % ont abouti à une publication (méthodologie et/ou résultats) » et « 129 soit 16,9 % à une publication des résultats principaux » au 1er septembre 2023. La moitié des projets publiés a généré une modification des recommandations. L’Ile-de-France est la première région bénéficiaire de financements avec 43,6 % des projets. Reste à réduire les délais – il faut un an entre l’acceptation du projet et le début de l’étude – et le nombre de projets qui ne démarrent pas ou sont abandonnés rapidement (11,8 % sur la période).
La réanimation est la première spécialité bénéficiaire du PHRC. Le Pr Jean Reignier, PU-PH au service de médecine intensive réanimation du CHU de Nantes, a souligné le fort impact de certaines études financées et l’audace du système. « En dehors du PHRC, qui aurait mis de l’argent dans un essai randomisé sur le positionnement sur le ventre de patients graves après 3 essais internationaux négatifs ? », interroge-t-il dans sa présentation. Le professeur a aussi partagé quelques axes de progression, comme : la réduction du délai médian entre l’accord de financement et une publication, de 6 ans, et qui a été fortement réduit pendant la pandémie de Covid ; une meilleure affectation de l’argent, 40 % du budget étant consacré aux aspects réglementaires et administratifs ; la réduction de la lourdeur des procédures et de l’interférence croissante entre les organismes (Comité de protection des personnes – CPP, Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés – Cnil).
Le Dr Amandine Luquiens, psychiatre addictologue au CHU de Nîmes, a quant à elle souligné que, « dans un contexte historique de retard de la recherche en psychiatrie en France », le PHRC a permis de financer des projets sur des « thématiques phares témoins de révolutions dans les prises en soin » : la prévention de la rechute dans la crise suicidaire, le rôle et la prise en charge des troubles cognitifs dans la schizophrénie et le trouble bipolaire, la iatrogénie, enfin la prévention de la rechute et la réduction des risques et des dommages en addictologie.
Autre exemple, celui de la dermatologie. Annabel Maruani, PU-PH en dermatologie-vénéréologie au CHRU de Tours, a mentionné que le PHRC a permis « de stimuler la recherche clinique, d’apporter une complémentarité par rapport à la recherche industrielle, de fédérer les CHU/CH, d’inclure les dermatologues de ville et d’apporter une cohérence dans la recherche institutionnelle ».
Le détail des présentations est disponible sur : https://sante.gouv.fr/actualites/actualites-du-ministere/article/le-programme-hospitalier-de-recherche-clinique-national-phrc-n-fete-ses-30-ans