OBJECTIF SOINS n° 0299 du 21/05/2024

 

ACTUALITÉS

En finir avec la T2A

Anne Gervais, André Grimaldi et Olivier Milleron, tous trois médecins, expliquent dans une tribune qu’avec la tarification à l’activité (T2A), « les structures déficitaires n’ont eu d’autre choix que de réduire la masse salariale, qui représente environ les deux tiers du budget de l’hôpital, tout en augmentant l’activité : fermeture de lits et développement de l’ambulatoire, sélection des activités et des patients les plus rentables, augmentation du nombre de patients par infirmière alors que la charge de travail croissait, blocage des salaires… Résultat : plus de 100 000 lits fermés, et une augmentation de l’activité hospitalière de 19 % entre 2009 et 2016, avec des effectifs qui n’ont crû que de 2 % ». Depuis la crise du Covid, le déficit des établissements publics s’est creusé. Et le secteur privé n’est pas épargné, 40 % des cliniques privées à but non lucratif étant déficitaires. Les auteurs interrogent : « si le mode de financement actuel, à l’activité, ne permet pas la rentabilité des structures privées lucratives, comment cela pourrait-il être le cas pour l’hôpital public, qui prend en charge 96 % de patients polytraumatisés, 84 % de l’activité de réanimation, 93 % des grands prématurés et 87 % des hospitalisations après passage aux urgences ? ». Ils appellent le Président de la République à mettre fin à la T2A, tel qu’il s’y était engagé dès 2017.

Le Monde, 29 mars 2024

Portrait de cadre infirmier

Le réalisateur Sébastien Lifshitz signe le documentaire Madame Hofmann, portrait de Sylvie Hofmann, cadre de santé en oncologie à l'hôpital Nord de Marseille qui s’apprête à prendre sa retraite après 40 ans de carrière. Il explique que « la génération de soignants de Sylvie a donné à l'hôpital public, sans compter le temps, les charges mentale et physique que leur métier représentait. Il y a une part sacrificielle. Aujourd'hui, une nouvelle génération arrive avec un rapport au travail complètement différent. Pour eux, beaucoup plus soucieux de leur qualité de vie, il n'est pas question de se faire avoir par le système, qui a fonctionné grâce à ce don permanent des soignants. » Il décrit l’hôpital comme « un lieu de crise permanent, de tension du personnel et des moyens ». Et, interrogé sur la corrélation entre ce documentaire et la réforme des retraites, Sébastien Lifshitz répond : « la pénibilité au travail est extrêmement forte dans les métiers de l'hôpital. Le poids que portent les aides-soignantes et les infirmières est tel qu'on imagine après X années les conséquences sur leurs corps. Il y a aussi la charge mentale. Ces gens sont face à des situations souvent dramatiques. Qu'on le veuille ou non, il y a un attachement aux patients. »

L’Humanité, 10 avril 2024

Métiers du soin et du lien : très féminisés, peu reconnus

Les métiers du soin et du lien sont majoritairement exercés par des femmes. Ils demeurent sous-valorisés car les tâches, responsabilités et difficultés auxquelles elles font face sont « invisibilisées ». Une étude de l’Institut de recherches économiques et sociales (Ires) auprès de 7 000 salariés de quinze professions liées aux soins et au lien aux autres montre qu’elles ont en commun « une gestion de charges émotionnelles intenses, des contraintes organisationnelles strictes et des fortes exigences physiques et mentales. Elles exigent une grande polyvalence, obligeant à jongler entre plusieurs tâches simultanément ». Les compétences requises sont sous-estimées, car trop souvent associées à des qualités « naturelles », voire « féminines ». De même, les responsabilités liées à l’humain sont « considérées comme allant de soi ». Cela se répercute sur les salaires – « 92 % des professionnels estiment être mal payés, surtout parmi les bas salaires » – alors même que la fierté du travail prédomine parmi ces professions exercées par 4 millions de personnes.

The Conversation, 4 mars 2024

Mieux diagnostiquer les troubles bipolaires

À la veille de la Journée mondiale consacrée aux troubles bipolaires, l’émission Le Téléphone sonne a donné la parole à des malades, à leurs proches et à des psychiatres. D’après l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), 1 % de la population est concerné par cette maladie qui se manifeste généralement par l’alternance de périodes d’hyperactivité, d’euphorie, et des phases de dépression. Le lancement d’un dépistage sanguin pourrait aider à poser le diagnostic, les errements médicaux étant délétères pour les patients et leurs proches.

Le téléphone sonne, 29 mars 2024, disponible en podcast : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/le-18-20-le-telephone-sonne/le-18-20-le-telephone-sonne-du-vendredi-29-mars-2024-7391245