L’espace Cool Working a ouvert à l’hôpital Édouard Herriot, à Lyon, en février 2023. Après un an d’expérience, Sandrine Cottin, cadre de santé à l’initiative du projet, en constate les bénéfices pour les patients, leurs proches et les soignants.
C’est dans l’hôpital de jour du pavillon CLiMA, la Clinique de médecine ambulatoire qui regroupe une dizaine de spécialités médicales de l’Hôpital Édouard Herriot, que l’espace Cool Working a ouvert ses portes début 2023. Ce service accueille quotidiennement une cinquantaine de patients. Lors de la première vague de Covid, quand il a fallu isoler les patients, le service a utilisé des boxes de consultation inoccupés du fait de la pandémie, tout en conservant le mobilier en place. « Des patients ont apprécié de pouvoir quitter leur lit pour s’installer à un bureau. Un premier m’a demandé à retourner dans ce box lors de sa visite suivante. Un deuxième est revenu avec son ordinateur pour continuer à travailler pendant sa journée à l’hôpital… C’est ainsi que l’idée m’est venue de créer un espace de coworking pour faciliter la vie des patients chroniques que nous recevons », témoigne Sandrine Cottin, cadre de santé du service.
En juin 2020, elle a candidaté à un appel à projets des Hospices civils de Lyon (HCL) sur les bénéfices de la période Covid. La lauréate a obtenu un financement de 93 000 € de la Fondation des Hospices civils de Lyon. « J’ai réalisé une enquête auprès des patients pour connaître leurs besoins, leurs envies, et fait appel à une architecte pour aménager une salle conviviale, ergonomique, accessible aux personnes à mobilité réduite, équipée de matériaux français et équitables », précise-t-elle. L’espace, baptisé Cool Working, est baigné de lumière et de couleurs. Équipé d’une grande table en bois, de deux ordinateurs, d’une connexion wifi, de fauteuils et d’un canapé, il accueille les patients, les aidants, et parfois les réunions d’équipe.
« Toute l’équipe a participé à ce projet qui nous a valu une prime d’intérêt collectif suite au Ségur. Au début, certains n’en voyaient pas l’intérêt. Leur opinion a évolué lorsqu’ils ont mesuré la satisfaction des patients et de leurs accompagnants, confie Sandrine Cottin. Nous avons aussi profité de l’aménagement de la salle pour repeindre les couloirs du service. Je suis persuadée que l’on travaille mieux dans un joli endroit, cela contribue au bien-être au travail. »
Spontanément, les soignants invitent les aidants à s’installer dans le Cool Working plutôt que de rester assis dans le couloir. Les patients sont libres de rester dans leur chambre ou de venir dans la salle. « Ils sont plus détendus, ce qui facilite la relation de soins des infirmiers et aides-soignants. Lorsque la salle est libre, les diététiciennes aiment aussi recevoir les patients dans cet espace « deshospitalisé », où rien ne fait penser à l’hôpital, ajoute Sandrine Cottin. De plus, de nombreux patients n’informent pas leur employeur de leur maladie et leurs aidants ne peuvent pas toujours se libérer pour les accompagner. En leur permettant de travailler pendant ces journées d’hospitalisation, cela leur évite de poser des congés ou des RTT… et je préfère savoir qu’ils profitent de leur temps libre pour des vacances plutôt que pour venir à l’hôpital ! »
Forte de cette expérience, la cadre de santé participe au projet Entour’âges, dont l’objectif est de créer des espaces de vie, de travail et de rencontre au sein des HCL. « Ce genre de projet est hyper motivant. L’hôpital évolue, et si on ne peut pas tout faire changer, on peut apporter notre pierre à l’édifice. »
Entour’âges est porté par Anne Rigault, à la tête de « Ma Place », et Gwénaëlle Thual, présidente de l’Association française des aidants et coordinatrice du Pôle partenariat expérience patient en santé, aux HCL. Ce projet, encore au stade de prototypage, a reçu le prix Coup de cœur Innov’HCL 2024.
Un espace pilote devrait ouvrir au second semestre 2025. Les HCL en financeront l’aménagement et Ma Place en assurera l’exploitation. « Aujourd’hui, les patients passent la plupart de leur temps à attendre et les aidants n’ont pas de place. Mon ambition est d’ouvrir et d’animer des espaces au cœur des hôpitaux pour leur permettre d’être accueillis, de travailler, se détendre, s’informer, échanger… », précise Anne Rigault.
Comme Sandrine Cottin, elle est convaincue que le corps médical et les soignants doivent changer de paradigme : ne plus voir seulement « le patient » ou « le visiteur », mais bien la personne dans sa globalité.