OBJECTIF SOINS n° 0301 du 15/09/2024

 

Qualité et gestion des risques

DOSSIER

Aurélien Guion   Solène Boscher  

Cadre de santé, consultant formateur associé à l’Atelier des pratiquesCadre de Santé Usic/Électrophysiologie, CHU de Brest

Au CHU de Brest, à l’initiative d’un cadre supérieur de santé, une formation innovante a été construite autour de l’activité physique et de la gestion du stress des soignants. L’objectif de cette formation était de proposer un espace pour « revenir à soi », grâce aux différents outils proposés, et de (re)trouver du plaisir au travail dans un environnement complexe.

Dans un système de santé qui se transforme continuellement, les professionnels souhaitent évoluer dans un environnement propice à leur mode d’exercice(1). L’un des enjeux majeurs est aujourd’hui l’amélioration des conditions de vie au travail des soignants. Dans un cadre qui est souvent contraint et où règne l’incertitude(2) organisationnelle, il est indispensable de prendre en compte la santé des soignants.

L’une des recommandations de la consultation nationale sur la santé des professionnels de santé, en 2023(3), était de sensibiliser et de former les professionnels à veiller à leur propre santé. La mise en place de formations spécifiques constitue pour eux, sans aucun doute, un levier de motivation mais aussi de reconnaissance.

La formation continue est alors fondamentale dans la stratégie d’amélioration du bien-être au travail des salariés. Mais concrètement, comment procéder ? Et surtout, comment aider les professionnels de santé à prendre conscience de l’importance de prendre soin d’eux (respecter leurs corps, leurs besoins, reconnaître leurs états émotionnels), quand ils ont choisi ce métier du soin et de l’accompagnement pour s’occuper des autres… ? Soignants, soyons force de propositions et de créativité !

Accompagner les soignants

Nous le savons, les professionnels sont soumis à de multiples facteurs stressants, qui génèrent parfois un état de souffrance physique et psychique(4). Cela renforce et conforte l’idée selon laquelle la qualité de vie au travail doit être un objectif de toutes les organisations, au même titre que la qualité des soins.

À ce propos, l’Organisation mondiale de la santé émet diverses recommandations axées sur « Les ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à l’horizon de 2030 »(5).  Ce rapport indique que le personnel motivé, la combinaison des compétences, l’amélioration des conditions de travail auraient pour résultats des soins de qualité ainsi que l’atteinte des objectifs sanitaires visés. Il est préconisé de favoriser le plus possible la motivation, la satisfaction des agents de santé, de fidéliser le personnel et de porter une attention constante à la sécurité et la santé au travail, d’encourager l’épanouissement personnel et d’investir dans l’enseignement et la formation professionnelle.

La formation « Accompagner sans s’épuiser » décrite dans cet article s’inscrit entièrement dans une démarche qui s’articule autour de valeurs de soins essentielles : la bienveillance, l’écoute, la compréhension et le respect. Comme l’exprime un cadre de santé, cette formation « permet un temps de recul sur le rythme du quotidien, un temps pour soi, pour mieux appréhender l’accompagnement d’une équipe, trouver des techniques pour se ressourcer, […] adaptables chez soi et au sein du travail. »

Les enjeux de la qualité de vie au travail (QVT) sur l’absentéisme, la qualité de prise en soins des personnes, l’envie de poursuivre une carrière dans le domaine de la santé, l’attractivité et sur la fidélisation, ne sont plus à démontrer. La proposition de cette formation est un outil supplémentaire dans un processus d’amélioration de la QVT. Aussi, dans ce cadre, valoriser le travail quotidien des professionnels de santé est essentiel. « Un patient qui ne dit pas qu’il va mieux, c’est un soignant qui va moins bien »(6).

La formation continue, une force

Au CHU de Brest, une réflexion a été menée par un cadre supérieur de santé, coordonnateur du pôle Institut vasculaire, pour proposer, dans le cadre de la formation continue et avec l’aide de l’organisme de formation L’Atelier des pratiques, un espace d’expression verbale, corporelle et psychocorporelle à destination des professionnels de santé.

L’un des objectifs prioritaires est de proposer des outils simples et reproductibles, qui ont du sens pour les soignants afin qu’ils soient utilisés dans leurs activités. En effet, « Pour que l’on passe à l’action, pour que l’on fasse quelque chose, il faut que notre conduite ait un sens »(7). Nous faisons le pari, dans un « contexte RH » tendu(8), de proposer une formation de quatre jours, deux sur le thème « Accompagner sans s’épuiser en maintenant et en renforçant sa forme et sa condition physique », puis deux autres, environ un mois après, sur le thème « Accompagner sans s’épuiser en gérant le stress et les tensions psychologiques ».

Le bien-être et le sens du travail

Il s'agit d'apprendre à utiliser son stress pour « vous enflammer sans vous consumer ». La formation, avec deux contenus complémentaires, permet pendant quatre jours de prendre soin de soi, de se recentrer sur soi en abordant le sujet sous des angles différents. Pour prendre soin des personnes, il est fondamental de se préoccuper de la santé physique et psychique des soignants : c’est pourquoi la formation proposée est un véritable levier stratégique pour améliorer la QVT dans les équipes de soins au CHU de Brest.

Cette formation, à la fois théorique et pratique, apporte des outils réutilisables et adaptables dans son environnement professionnel et personnel. Elle permet de devenir acteur dans cette démarche en interrogeant notamment les relations interpersonnelles entre soi, les autres et l’environnement, qui impactent particulièrement le climat de travail et la cohésion d’équipe. « Cette formation m’a rappelé l’importance d’être bien soi-même afin de pouvoir accompagner une équipe et insuffler un climat de sérénité », a témoigné l’un des participants.

Les professionnels ayant participé à la formation affirment que celle-ci joue un rôle pour donner un sens à leur travail. En effet, comme le décrit Estelle Morin(11) dans ses différents travaux, il est important de favoriser :

- les occasions d’apprendre et de se développer,

- l’autonomie au travail,

- les relations au travail,

- l’utilité du travail,

- la reconnaissance au travail.

Cette formation permet aux soignants de prendre du recul, de mobiliser leurs compétences et de stimuler le développement de leurs potentiels en situation de formation et d’apprentissage.

Une bonne condition physique

Nous savons tous que l’activité physique procure de nombreux bienfaits sur la santé physique, psychologique, cognitive et psychosociale. Dans notre secteur, la spécificité de la fonction de soignant nécessite de posséder un capital d‘énergie corporelle important et de le maintenir tout au long des journées de travail. Il va également de soi qu’une bonne santé physique contribuera de manière très significative à améliorer les capacités d’attention, de vigilance, à diminuer le stress, l’anxiété et à améliorer l’humeur. Ce « bien-être corporel et physique » permet de renforcer nos capacités à interagir avec l’autre et d’améliorer les relations interpersonnelles, si importantes et présentes dans la relation de soins d’une part, et dans le travail d’équipe d’autre part.

Dans la formation « Accompagner et soigner sans s’épuiser en maintenant et en renforçant sa forme et sa condition physique », réalisée par Anne-Soizic Guion(12), la méthode utilisée est l’Ancrage thérapeutique par le mouvement (ATM)®, adapté au contexte soignant et  individualisé. Celui-ci est fondé sur des mouvements fonctionnels et variés de la vie de tous les jours, réalisés à des intensités différentes selon les capacités des personnes, leurs niveaux de sédentarité, conjointement à l’utilisation de pratiques psychocorporelles. 

La finalité principale est simplement de redonner le goût, l’envie de (re)faire du mouvement pour ressentir son corps, de se sentir vivant au travers d’un vécu corporel positif. « J’ai adoré l’activité physique : j’ai découvert des muscles et appris des mouvements simples et bons pour le corps », a affirmé une aide-soignante après la formation.

Les objectifs pédagogiques de la formation sont les suivants :

- appliquer des stratégies simples et efficaces pour être plus actifs au quotidien ;

- intégrer la pratique d’une activité physique dans un rythme de travail ;

- avoirs recours à ses ressources corporelles pour effectuer des mouvements adaptés et développer son endurance musculaire.

La compétence renforcée qui est visée est de savoir maintenir et renforcer sa forme et sa condition physique nécessaires à l’exercice de sa fonction de professionnel du soin et de l’accompagnement de proximité.

Exercice pratique : le Soulevé de la santé

Le soulevé de la santé (SDS) vise à intégrer la flexion de hanche physiologique, c’est-à-dire acquise durant l’enfance. « Le SDS vous permettra de rééduquer votre dos et de vous rendre plus fort ! ». Les consignes sont les suivantes (figure 1) : regarder droit devant, maintenir le dos cambré ; les bras ne tirent pas, ils servent de sangles ; la barre glisse le long des jambes ; pousser avec les talons.

Les deux premiers jours de formation amènent le soignant à se rendre compte de ses capacités à bouger pour retrouver de l’énergie, ce qui peut renforcer son estime de soi et sa motivation pour faire face à des situations de travail complexes. Comme l’affirme une infirmière : « J’appréhendais beaucoup ses deux premiers jours de formations car je fais très peu d’activité physique. Au final, je suis ravie de voir que j’ai été capable de bouger, de réaliser des mouvements simples ! Je repars plus motivée et avec une plus grande confiance en moi pour ‘affronter’ mon quotidien de travail. »

De l’énergie corporelle à la motivation

Le psychothérapeute Alexander Lowen posait cette question dans les années 1970 : « Ne pourrions-nous pas considérer l’énergie comme le carburant de toute action humaine ? » (13) Pour lui, l’énergie existe, s’épuise et se renouvelle. Elle est là, en soi et autour de soi. Elle se renouvelle de façon tangible par le repos, par une bonne alimentation et par toutes sortes de situations menant au bien-être, à la joie et à la satisfaction personnelle.

Le métier de soignant exige un énorme investissement d’énergie. Différents motifs font plus ou moins circuler cette énergie tout au long de notre carrière : se sentir utile, aider autrui, se sentir reconnu et valorisé... Ils font partie des trois critères(14) du processus de motivation/démotivation décrit par Alexander Lowen (figure 2).

La gestion du stress

Les mots tension, stress, épuisement, résonnent de plus en plus à nos oreilles. Les tensions sont des réactions normales de notre organisme. Elles sont inévitables et parfois indispensables. Au cours des deux jours de la formation « Accompagner et soigner sans s’épuiser en gérant le stress et les tensions psychologiques », diverses techniques préventives sont proposées pour une gestion originale et efficace du stress. Celles-ci permettent de prendre soin de soi et de l’autre, et de créer une cohésion de groupe pour redonner sens à son travail. Une infirmière a ainsi déclaré que la formation lui avait fourni « une prise de conscience du stress au quotidien et des moyens faciles pour y remédier. On y ressort plus libre et plus fort ! »

Cette formation vise aussi à apporter des outils pour créer un environnement sécurisant, un espace d’écoute pour faciliter la prise de parole, où les moments de joie, de rires, de pleurs parfois, soient possibles, et où les professionnels, au travers ces partages, se sentent entendus et reconnus. Il s’agit de s’autoriser à vivre des expériences, dans son cadre de travail, qui peuvent apporter un certain plaisir, comme en témoigne un participant : « J’ai adoré faire la sieste alors que c’est un temps que je ne m’autorise pas dans la vie ! »(15)

Les objectifs pédagogiques sont de :

- comprendre et identifier les facteurs de stress et de tensions liés aux situations d’accompagnement et de soins,

- utiliser des techniques préventives psychocorporelles pour gérer les tensions et le stress,

- identifier ses propres ressources pour éviter l’essoufflement professionnel.

La compétence renforcée qui est identifiée est de savoir appliquer des stratégies simples et efficaces pour gérer le stress et les tensions psychologiques au cours d’une journée de travail.

Exercice pratique : Respirer !

Le Réflexe tranquillité (RT) est un exercice en trois séquences :

- inspiration et expiration profondes et régulières, à la différence de celles qui accompagnent la réaction de stress;

- longue expiration : laisser aller mâchoire, langue, bras, dos et jambes en retrouvant des éléments récurrents à une relaxation (lourdeur chaleur, mots simples, image de calme);

- longue et profonde inspiration, expiration ; laisser-aller le corps.

Puis a lieu le retour aux activités.

Un cadre pour développer ses compétences émotionnelles

La dynamique de cette formation est de reconnaître le soignant en tant que professionnel compétent, avec ses besoins, son état physique, intellectuel et émotionnel. Il est crucial pour chaque participant de travailler sur sa capacité à accueillir ses émotions, tout en se sentant libre de les exprimer ou pas. Accueillir les émotions désagréables revêt une fonction positive en nous informant sur l’état de nos besoins. C’est un processus actif, conscient, d’ouverture et d’attention(16). Selon le psychologue David Goleman, « La compétence émotionnelle est une capacité apprise fondée sur l’intelligence émotionnelle qui entraîne une performance remarquable au travail ». Un participant a ainsi affirmé que cette formation était « indispensable pour un équilibre émotionnel au travail ».

Un cadre pour reconnaître ses besoins

Après avoir pris le temps d’identifier l’émotion, se pose la question du besoin (de sécurité, d’estime, de reconnaissance) sous-jacent, faisant naître l’émotion. En effet, cette dernière fait suite à un stimulus externe : le déclencheur, qui est à distinguer de la cause de l’émotion. Il s’agit de prendre conscience du besoin insatisfait par la situation vécue.

Lors d’une émotion désagréable, se focaliser sur le déclencheur amplifie l’émotion alors que la compréhension du besoin à l’origine de celle-ci la diminue(18).

Dans le cadre de la formation, nous travaillons autour des besoins psychologiques appelés les « 3A »(19) :

- attention : besoin d’être vu, entendu et reconnu. Il est en rapport avec la création, le maintien et le renforcement de l’identité du professionnel ;

- affection : besoin d’être accepté, valorisé. Le professionnel a besoin de se valoriser à ses propres yeux afin d’atteindre une estime de soi sécurisante ;

- affiliation/appartenance : besoin d’être entouré, qui se traduit plus particulièrement par le besoin de soutien.

Ce travail est réalisé à l’aide de « cartes des droits » en lien avec les besoins du soignant (ex : « J’ai le doit d’être soutenu », « J’ai le droit d’être en colère », « J’ai le droit de vivre ouvertement mon succès », « J’ai le droit à ma créativité », etc.). Les professionnels pourront ensuite échanger sur la carte choisie qui correspond le plus à leur état du moment. Cela permet très souvent de se rendre compte de ce qui est réellement important pour soi dans son environnement de travail, comme en témoignent deux participants : « Lorsque nous vivons le soin il nous touche ! » ; « Distinguer nos besoins permet de se responsabiliser, d’être plus autonome, d’être plus efficient, d’être centré sur notre énergie et la diriger vers ce qui est sous notre contrôle »(20).

La satisfaction des participants

Les professionnels ayant participé à cette formation ont exprimé leur satisfaction et leur bien-être : ils se sont sentis valorisés. Cela s’est traduit notamment par une nouvelle implication professionnelle et la recherche d’un climat de travail plus agréable.

En effet, la satisfaction est définie comme un sentiment de bien-être, de plaisir, qui résulte de l’accomplissement de ce que l’on juge souhaitable(21). Cette satisfaction peut donner un sentiment de contentement, de fierté, de jouissance, d’assouvissement. La satisfaction professionnelle se rapporte au sentiment de satisfaction lié au travail, par rapport à ses besoins et à ses désirs (figure 3).

Selon le psychologue Frederick Herzberg, deux facteurs favorisent la satisfaction dans le milieu du travail(22) :

- les facteurs intrinsèques, qui sont retrouvés ici autour d’accomplissements personnels (être capable de réaliser des exercices physiques), de l’autonomie dans la gestion de situations complexes, et du sentiment de se sentir entendu, soutenu et valorisé ;

les motivations extrinsèques liées notamment aux conditions de travail. Cette formation est aussi un levier favorisant la satisfaction et la motivation dans la pratique professionnelle, en agissant plus particulièrement sur les motivations extrinsèques.  « Cette formation permet aussi d’échanger avec l’équipe sur la qualité de vie au travail, que des ‘petites choses’ peuvent parfois être suffisantes à rendre le quotidien plus agréable, à être aussi plus épanoui, investi et réceptif, pour assurer un accueil et une prise en charge de qualité du patient », affirme un participant.

Conclusion

Cette formation apporte du sens au travail en mettant en contact des soignants de services différents et en favorisant les rencontres, les échanges et les relations humaines, toujours dans un climat d’écoute positive et de bienveillance. Cet environnement sécurisant permet de s’exprimer librement, sans jugement. Le travail devient alors une source d’apprentissage. Ces situations d’apprentissage sont « l’occasion d’apprendre sur soi-même, d’explorer ses capacités et ses limites, de développer son potentiel »(23). Ainsi, le sentiment de s’accomplir engendre des effets positifs et stimulants sur sa santé et son moral, comme en témoigne un participant : « Formation positive, d’une bonne énergie, qui fait du bien ».

À travers les différents ateliers proposés lors de cette formation, les soignants expérimentent, explorent leurs limites, se surprennent dans leurs capacités. La durée de quatre jours autorise les participants à prendre du temps pour penser, pour se ressourcer, en mettant de côté le culte de la performance. De plus, cette formation contribue à la prévention et à la promotion de la santé des soignants, en réduisant les risques pour leur santé et leur sécurité et en assurant une meilleure écoute de leurs besoins.

La qualité de vie au travail est donc bien un élément clé dans la recherche de sens au travail exprimé par les soignants. Dans un contexte de pénurie paramédicale, proposer un travail qui a du sens dans un environnement stimulant représente une véritable plus-value et un atout majeur pour l’attractivité d’un établissement. « Ne méprisez la sensibilité de personne ; la sensibilité de chacun, c’est son génie. »(24)

Les bienfaits de la formation « Activité physique adaptée et gestion du stress »

« Vous vous en doutez, il n’a pas été évident de convaincre ! Des freins ont rapidement émergé. Pour les cadres, libérer des agents quatre jours était un vrai challenge. Pour les agents des résistances sont apparues, d’une part sur la thématique de l’activité physique avec, de façon tout à fait légitime, l’inquiétude des soignants sédentaires(9) quant au fait de bouger, de réaliser quelques exercices « physiques » ; et d’autre part, la notion parfois « floue » de la gestion du stress.

La complémentarité d’Anne-Soizic et Aurélien Guion, formateurs, a permis de mettre en place une approche de l’activité physique adaptée (APA) qui corresponde au contexte et au groupe, avec une sensibilité intégrative. Cette notion a été retrouvée dans la partie « Gestion du stress », avec les propositions d’Aurélien autour des pratiques psychocorporelles(10), sa posture d’écoute, de valorisation du travail des professionnels de santé en considérant leurs vécus, leurs besoins et leurs émotions dans leurs activités respectives.

Après cinq groupes formés dont deux dédiés à l’encadrement, le « bouche-à-oreille » et les convictions acquises ont rapidement levé les freins, à tel point qu’aujourd’hui nous remplissons largement (avec parfois trop de candidats !) les groupes de 12 professionnels que nous déclinons à raison de trois par semestre.

Le bilan réalisé par l’organisme L’Atelier des pratiques montre une satisfaction sans équivoque (95 %) des professionnels, qui sont nombreux à penser que cette formation pourrait être obligatoire tant le bénéfice immédiat est avéré. Depuis, nous l’avons élargie à d’autres pôles de l’hôpital et l’avons proposée à la direction des ressources humaines pour qu’elle soit intégrée dans le plan de formation institutionnel.

Au final, cette formation, expérimentale au début, est devenue un véritable enjeu pour les soignants qui sont souvent impactés par l’augmentation de la pénibilité au travail et par les réorganisations d’une institution hospitalière qui doit se repenser. Elle permet d’aborder la thématique de la qualité de vie au travail sous un autre angle – sans utopie : il n’est pas possible que 100 % des soignants soient en bonne condition physique –, et intègre des outils simples de gestion du stress comme la respiration. Je suis convaincu par le gain apporté par des soignants renforcés physiquement et possédant une boîte à outils pour la gestion du stress : cela ne peut être qu’une plus-value dans la reconnaissance de leur travail et dans la prise en soin des patients. Il s’agit de ’Oser faire, oser entreprendre pour donner du sens à l’activité soignante’ ».

Éric Le Goff, cadre supérieur de santé, Institut vasculaire, CHU de Brest

Notes

1. Van den Broeck A, Elst TV, Baillien E, Sercu M, Schouteden M, De Witte H, Godderis L. Job Demands, Job Resources, Burnout, Work Engagement, and Their Relationships: An Analysis Across Sectors. J Occup Environ Med. 2017 Apr;59(4):369-376.

2. Audétat M-C, Nendaz. M. Face à l’incertitude : humilité, curiosité et partage. Pédagogie médicale. 2020 ; 21(1) :1-4.

3. Bataille-Hembert A, Crest-Guilluy M, Denormandie P. Rapport sur la santé des professionnels de santé, 9 octobre 2023. https://sante.gouv.fr/

4. Lucas G, Colson S, Boyer L, et al. Work environment and mental health in nurse assistants, nurses and health executives: Results from the AMADEUS study. J Nurse Manager. 2022;30(7):2268-2277.

5. Organisation mondiale de la santé (OMS). Ressources humaines pour la santé : stratégie mondiale à l’horizon 2030. Conseil exécutif, 144 (‎2018)‎. 

6. Cornibert C, Denormandie P, Guidet B, et al. Prendre soins des professionnels de santé. Revue hospitalière de France. 2024 ; 617 : 28

7. Trécourt F. Pourquoi on bosse. Entretien avec Flora Bernard. Management. 2020 ; 288 : 68.

8. Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees). Arrêts maladie dans le secteur hospitalier : les conditions de travail expliquent les écarts entre professions. Décembre 2020. https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/publications/etudes-et-résultats/arrêts-maladie-dans-le-secteur-hospitalier-les-conditions-de

9. Reed JL, Prince SA, Pipe AL, et al. Influence of the workplace on physical activity and cardiometabolic health: Results of the multi-centre cross-sectional Champlain Nurses' study. Int J Nurs Stud. 2018 May;81:49-60.

10. Célestin-Lhopiteau I, Wanquet-Thibault P. Guide des pratiques psychocorporelles. Ressources pour les soins et la santé. Elsevier Masson ; 2018.

11. Estelle Morin, docteur en psychologie et chercheuse au département de management de HEC Montréal.

12. Anne-Soizic Guion, éducatrice médico-sportive, DU Sports et Cancer, DU Pratiques psychocorporelles et santé intégrative, co-créatrice de l’association Brest Sport Santé, dépositaire de la méthode ATM®, https://www.brest-sport-sante.fr/

13. Lowen A. L’analyse bioénergétique Une thérapie psychocorporelle. Enrick Éditions ; 2015.

14. Arcand M, Brissette L. Accompagner sans s’épuiser. Lamarre ; 1998. p. 15.

15. Mazouz M, Gouttefarde P, Bouchou Y, et al. La sieste au travail : freins et leviers à l’implémentation d’une salle de sieste en milieu hospitalier pour les soignants en poste de 12 h alternant. Médecine du sommeil. 2024(1) : 65.

16. Castello C, Borenstein M, Derome M, et al. Émotions des soignants en situation difficile. Soins Pédiatrie-Puériculture. 2018 ; 304 : 9-41.

17. Goleman.D, Boyatzis.R, McKee A. The emotional reality of teams. Journal of organizational excellence. 2002;21(2):55-65.

18. Mikolajczak M, Quoidbach J, Kotsou J, Nelis D. Les compétences émotionnelles. Dunod ; 2014.

19. Arcand M, Brissette L. Accompagner sans s’épuiser. Lamarre ; 1998. p. 44.

20. Barlow H. Anxiety and its disorders: The Nature and Treatment of Anxiety and Panic. Guilford Press; 2004.

21. Dictionnaire Le Robert, 2020.

22. Herzberg F, Mausner B, Snyderman B. The motivation to work. John Wiley and Sons ; 1959.

23. Morin E. Sens du travail, santé mentale et engagement organisationnel. Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du Travail (IRSST), HEC Montréal, 2008. p. 39.

24.  Guyaux A. Baudelaire : un demi-siècle de lecture des Fleurs du mal (1855-1905). PUPS, coll. Mémoire de la critique ; 2007.