OBJECTIF SOINS n° 0302 du 21/11/2024

 

DOSSIER

Cécile Casa  

Cadre de santé chargée de mission transversale, Coordination générale des soins, CHU de Bordeaux

Le travail de nuit des professionnels de santé donne lieu à de nombreuses représentations, qu’il nous semble intéressant de confronter au regard de ceux qui ont choisi ce mode d’exercice. Cela permet de mettre en valeur ces acteurs de l’ombre, et de faire découvrir ce mode d’exercice aux futures générations de soignants.

Ils ont choisi le travail de nuit à l’hôpital : infirmiers, aides-soignants, auxiliaires de puériculture, brancardiers, professionnels d’accueil, manipulateurs en électroradiologie médicale, techniciens de laboratoire, professionnels de bionettoyage, cadres de santé et bien d’autres métiers encore, dans les filières administratives et techniques, qui travaillent dans l’ombre pour permettre la permanence des soins dans nos hôpitaux.

Lorsque nous imaginons le travail de nuit, nous pensons souvent aux infirmiers et aux aides-soignants, métiers les mieux connus du grand public. Parce que ce sont eux qui sont auprès du patient 24 heures sur 24, ils sont en première ligne, telles des sentinelles, prêts à accueillir, écouter, rassurer, détecter, évaluer, communiquer, soigner, prendre des décisions et agir avec compétence, en collaboration avec les équipes médicales et paramédicales. Parce que la nuit, ils sont moins nombreux, ils doivent développer un sens aigu de l’observation clinique afin d’anticiper les situations de soins et alerter le médecin au bon moment. Autrefois appelés « veilleurs de nuit » (à tort sans aucun doute, il nous arrive encore d’entendre ce terme ô combien inapproprié), on leur reconnaît aujourd’hui un rôle essentiel dans cette fameuse continuité des soins, si chère au service public. Continuité qui rime avec qualité : maillons essentiels agissant avec compétence, garantissant au patient le même niveau de prise en soins quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Mais parce que la nuit est habituellement faite pour dormir, il peut être difficile de se projeter dans un mode d’exercice où l’on risque d’être en décalage par rapport au rythme physiologique de notre organisme, et vis-à-vis de notre entourage social, avec, souvent, la crainte de « passer à côté » de sa vie personnelle. Parce que la nuit, il règne une ambiance « particulière » lorsque les lumières s’éteignent peu à peu, quand l’hôpital se vide de son agitation, des allées et venues, des bruits permanents des charriots de linge, de repas, de soins, des téléphones, des équipes, il existe alors, peut-être, l’appréhension de se sentir seul, comme coupé du monde.

À l’heure où il est difficile de recruter des professionnels sur des postes de nuit fixes, et où il est donc demandé aux professionnels de jour de travailler en alternance jour et nuit… et parce que nous avons souvent rencontré des soignants de nuit qui semblaient épanouis dans ce mode d’exercice, nous nous sommes questionnés sur ce qui les motivait.

Ludovic et Félix sont manipulateurs en électroradiologie médicale. Ils exercent depuis quelques années, de nuit, au service d’imagerie des urgences. Cyril, Paola et Elsa sont infirmiers (IDE) dans des services de chirurgie ou médecine. Noémie est aide-soignante (AS) de nuit dans un service médico-chirurgical, elle travaille en binôme avec Cyril. Plutôt que de s’exprimer à leur place, nous sommes allés à leur rencontre pour recueillir leur avis sur la question, et aussi leur offrir cet espace d’expression, parce que nous sommes fiers de nos professionnels de nuit et nous voulons le leur signifier via cette mise en lumière. Et aussi parce que nous savons que leurs mots viendront parfois tordre le cou aux idées reçues sur ce mode d’exercice qui peut effrayer mais apporter tellement de sens, une fois « adopté ».

Contrainte ou opportunité ?

Pour la plupart d’entre eux, la découverte du travail de nuit est un peu due au hasard, et comme le dit Paola, elle « s’est prise à son propre jeu » : d’abord volontaire pour un remplacement d’un mois, puis trois mois, elle a fini par y prendre goût et, surtout, a apprécié l’ambiance d’équipe la nuit. Il faut dire que dans ce secteur, la présence de deux binômes IDE-AS pour vingt-six patients permet de ne pas se sentir seule, de partager la charge mentale face aux responsabilités et d’avoir la possibilité d’échanger avec ses pairs. Point essentiel pour cette jeune diplômée, afin de sécuriser sa prise de poste. Après trois ans, elle se dit épanouie dans son travail de nuit, qu’elle souhaite poursuivre encore quelques années.

Elsa a aussi découvert le travail de nuit au détour d’un remplacement. Elle avait d’abord refusé un poste, puis a accepté de « dépanner ». Sa crainte était de ne plus avoir de vie personnelle, appréhension rapidement effacée par le constat d’un meilleur équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie personnelle, une plus grande stabilité du roulement et une facilité à anticiper ses congés et autres activités personnelles. Elle y a aussi trouvé un formidable « travail d’équipe », et a « pris goût à ce mode d’exercice dans lequel elle se sent autonome dans son organisation ». Elle apprécie particulièrement « le calme ressenti » dans cette ambiance de nuit, qui lui permet d’exercer son métier de façon plus sereine sans être dérangée par d’incessantes interruptions de tâches propres au travail de soignant.

Noémie, quant à elle, a souhaité travailler de nuit pour favoriser sa vie familiale et être plus disponible pour sa petite fille de 7 ans. Grâce au roulement de nuit, elle est présente à tous les moments importants : avant l’école le matin, après la classe à 16h30 et jusqu’au coucher, avant de partir travailler. « Quand on se lance, on ne sait pas si on va tenir, je pense qu’il faut essayer pendant au moins deux-trois mois pour trouver son rythme et réussir à dormir ». Elle envisage de rester de nuit tant que ses enfants sont petits. Peut-être même qu’un jour, elle se lancera pour envisager une promotion professionnelle, car son binôme infirmier Cyril lui donne envie de devenir infirmière…

La chasse aux idées reçues

« Lorsqu’on travaille de nuit, on n’a pas de vie personnelle ! » À l’unanimité, les soignants interrogés affirment haut et fort le contraire. Ludovic et Félix soulignent que le roulement fixe de nuit permet justement une vision à l’année, pour planifier et anticiper les activités en lien avec sa vie personnelle : loisirs, vacances, ou vie familiale quotidienne notamment avec les enfants, prises de rendez-vous divers. « Il est aussi plus simple de planifier ses jours de congés et les RTT, et chaque mois, en posant deux nuits de récup’, ça nous fait une semaine de vacances ».

La règlementation du temps de travail en 32h30 sur les postes de nuit fixes est un avantage souvent méconnu, mais non négligeable, qui permet aux soignants de bénéficier de plus de jours de récupération. À l’heure où les jeunes générations de soignants plébiscitent le travail en 12 heures, pour avoir davantage de temps libre, il nous paraît essentiel de valoriser cet aspect du travail de nuit.

Bien sûr, il faut s’organiser, et comme le dit Ludovic, « Une fois que les copains ont compris qu’on dort le matin, tout va bien ». Cyril va plus loin en nous expliquant que : « on est beaucoup plus disponibles pour voir ses amis. Avec le rythme de nuit, on n’a plus besoin de réveil et on profite au mieux des soirées entre amis, parce qu’on est les derniers couchés ! On peut aussi partir en week-end dès le vendredi midi et on reprend le travail le lundi soir ».

Paola évoque ce roulement de nuit comme quelque chose qui a « libéré » sa vie personnelle. Elle explique qu’elle est « couche-tard » et qu’il lui a été facile de trouver son rythme de nuit. Elle a plutôt intérêt à mettre son réveil car sinon, elle pourrait se lever après 17h00 ou même 18h00.

« La nuit, tout le monde dort, y’a rien à faire, on n’apprend rien ! » Notre joyeux duo de manipulateurs en radiologie explique que c’est tout le contraire : « La nuit, on est moins nombreux, alors les personnes sont plus disponibles pour partager leurs compétences entre pairs. Les médecins aussi sont plus enclins à échanger leur expérience avec nous, c’est très enrichissant et valorisant ».

Pour Noémie, aide-soignante, la nuit permet d’apprendre beaucoup : « Il y a toujours quelque chose à faire. Par exemple, nous sommes confrontés à des situations d’urgence alors qu’on est seulement deux et que le médecin n’est pas toujours ni immédiatement présent. Alors on apprend davantage grâce au travail en binôme, très précieux, notamment les gestes d’urgence. Au fur et à mesure, on apprend à gérer son stress, à analyser les situations ».

Pourtant, en chirurgie (comme ailleurs), Elsa est parfois confrontée à des patients lui demandant si elle va pouvoir dormir ou se reposer durant ses nuits de travail. « Il faut encore lutter contre les clichés. La nuit, on fait les mêmes soins techniques que la journée : beaucoup de surveillances cliniques en postopératoire, la prise en charge de la douleur, la gestion des voies veineuses centrales, les pansements à changer dès qu’ils sont souillés, l’éducation auprès des patients stomisés… ».

Le temps des « veilleurs de nuit » est définitivement révolu : la nuit, les professionnels réalisent des soins de haute technicité, tout comme le jour. Ils développent leur autonomie et affinent leur raisonnement clinique. L’exercice de nuit peut faire un peu peur au début, mais il est tellement motivant par la suite ! Et puis, contrairement aux idées reçues, la nuit, on n’est pas seul.

« La nuit on est complètement isolé, on travaille seul ! » Les mots sont forts lorsqu’il s’agit d’évoquer le sentiment de solidarité qui règne dans les secteurs la nuit. Il n’est pas question d’évoquer uniquement les appartenances aux pôles ou aux unités de soins, mais plutôt les localisations géographiques : les bâtiments, les étages, quelles que soient les spécialités. À croire que le fait d’être moins nombreux renforce les liens entre les professionnels. L’information circule, dans la pénombre et les méandres des couloirs faiblement éclairés, à demi endormis.

Pour Paola, « On découvre une petite famille ». Elsa, quant à elle, exprime l’idée que « On forme une grande équipe avec les services voisins et l’ensemble des professionnels, il existe une formidable entraide. On sait lorsqu’un service est en difficulté, la question ne se pose même pas, on y va spontanément pour aider », dans le but de toujours apporter une réponse de qualité à la prise en soins du patient.

Ludovic et Félix sont très attachés à cette cohésion avec l’ensemble des professionnels. Les équipes partagent les moments difficiles, mais aussi de bons moments, dans la bonne humeur. Tous expriment l’amitié qui se crée entre les collègues de nuit, « on est très proche, on est plus que des collègues, on passe beaucoup de temps ensemble ».

Et puis aussi, la nuit, les cadres de santé exercent en transversal et mettent du lien entre les équipes. Il est précieux pour les soignants de se sentir épaulés, soutenus et entendus.

Trouver du sens

Une fois passées les appréhensions concernant le rythme de nuit, et après s’être rendu compte que, loin de l’agitation de la journée, il existe un collectif professionnel de nuit très fort, examinons la question du sens au travail, si chère à ces professionnels du « care ».

Les soignants interviewés soulignent le privilège de pouvoir aborder le patient dans toutes les dimensions du soin, qu’il soit de base, technique ou relationnel, parce que la temporalité n’est pas la même, et aussi grâce au travail en binôme, qui apparaît comme une évidence la nuit. Au plus proche du patient, l’infirmier et l’aide-soignant ne font plus qu’un tant cette notion de binôme semble importante pour eux. « C’est très valorisant et toujours au bénéfice du patient. » Lorsque le binôme fonctionne bien, « On n’a même plus besoin de se parler pour travailler ensemble ».

Elsa explique, en évoquant son binôme aide-soignant : « Cela apporte tellement dans ma réflexion professionnelle, de travailler avec quelqu’un qui a une grande expérience à partager… J’ai appris à être infirmière avec lui ».

En ce qui concerne la relation au patient, les soignants de nuit sont confrontés aux angoisses de celui-ci à l’approche de la nuit, qui s’expriment de différentes façons, et que le professionnel apprend à détecter. Ce n’est pas facile d’être hospitalisé et en perte d’autonomie, même transitoire, exposé à une annonce de diagnostic ou confronté à des souffrances somatiques ou psychiques. Les soignants sont là, en alerte pour repérer le besoin du patient qui peut être caché parmi de nombreux signes : il va falloir être attentif, à l’écoute, parfois simplement s’asseoir et être là, présent auprès de lui. Le « premier tour » est très important pour prendre le temps de repérer, considérer, apaiser. Il conditionne bien souvent le reste de la nuit. Cette dimension relationnelle si chère aux soignants est un élément qui compte dans le choix du travail de nuit, car il est particulièrement porteur de sens : « Les échanges avec le patient sont plus approfondis, car on peut prendre le temps qu’il faut au regard des besoins d’un patient ». Concernant les situations de détresse et les accompagnements de fin de vie, « On peut prendre le temps, aussi avec l’entourage. On a l’impression d’un travail utile, d’un travail bien fait ».

Le travail de nuit comporte donc de nombreux avantages pour ceux qui l’ont choisi, encore faut-il pouvoir découvrir cette modalité pour l’expérimenter et en ressentir les effets sur sa pratique professionnelle et sa vie personnelle. Le temps de la formation des infirmiers n’est-elle pas la meilleure période pour cette découverte ?

Des stages de nuit, mais à certaines conditions

Certains secteurs ont développé les stages de nuit, pour faire découvrir ce mode d’exercice aux futurs professionnels. L’objectif est double : répondre à une demande croissante de terrains de stages face aux effectifs croissants des instituts de formation en soins infirmiers, et faire entrevoir cette modalité aux étudiants, qui sont parfois très enthousiastes après cette découverte.

Regard d’un cadre de santé de jour

Nous sommes allés à la rencontre de Céline, cadre de santé dans un service de médecine. Pour elle, « Il est important de faire découvrir le travail de nuit à tout futur professionnel » ; les tuteurs programment systématiquement une période de stage de nuit. Alors qu’elle accueille plutôt des étudiants à partir du semestre 4, l’institut de formation en soins infirmiers (Ifsi), en demande de terrains de stage, lui a proposé d’accueillir une étudiante de première année sur un stage complet de nuit (5 semaines). L’équipe de tuteurs a validé cette idée et une tutrice de nuit a été formée. Là aussi, il faut lutter contre les clichés comme « La nuit on n'apprend rien ! ». « Une rumeur non fondée », selon Céline. Cette dernière est vigilante et travaille en collaboration avec l’Ifsi pour choisir des étudiants volontaires, préparés, ayant déjà validé la compétence 3 et faisant preuve d’une certaine maturité car il existe des situations assez « lourdes » émotionnellement dans son service.

En tant que maître de stage, Céline fait confiance à son équipe de tuteurs, et crée les conditions favorables pour l’étudiant. Celui-ci est accueilli en journée sur les deux premiers jours de stage pour faire connaissance avec le service, l’équipe et les patients, puis elle met en place des moyens de communication à distance (e-mails, téléphone) et une rencontre en présentiel en début ou fin de nuit. Ainsi, elle s’assure que tout se passe bien pour l’étudiant et le tuteur. Elle apprécie aussi les rencontres de stage avec les formateurs de l’institut, et s’arrange pour que la tutrice soit aussi présente. C’est très constructif pour tous.

L’existence de tuteurs de nuit permet aussi à l’équipe de réaliser un travail en commun sur le sujet du tutorat. Cela crée des liens entre les équipes de jour et de nuit. Les soignants de nuit sont ainsi valorisés et reconnus dans leur travail, y compris les aides-soignants qui contribuent à l’encadrement des étudiants.

Pour Céline, il est de notre ressort de contribuer à la formation des étudiants également la nuit, à condition de disposer d’un projet de tutorat, de tuteurs impliqués et engagés dans le suivi des étudiants, et de faire preuve d’une vigilance plus accrue pour recueillir le ressenti des étudiants. Elle s’y engage car elle pense que son rôle, avec son équipe, est de « mettre une pierre à l’édifice concernant la formation de nos futurs soignants ». Les retours des étudiants sont très positifs. Ils soulignent « la bienveillance, la qualité des apprentissages grâce à des échanges constructifs, le travail en binôme ».

Regard des tuteurs de nuit

Paola est tutrice de nuit dans ce service. Elle a pu bénéficier de la formation tutorat, ce qui lui donne une légitimité et renforce sa compétence. Le stage de nuit est, selon elle, « plus propice aux apprentissages, le tuteur est plus disponible, et même en semestre 2, tout s’apprend en faisant des recherches ». L’équipe de nuit est sans doute plus contenante pour l’étudiant infirmier, celui-ci a le temps de mener des recherches in situ, de travailler son raisonnement clinique, et d’apprendre de façon approfondie certaines techniques de soins ou caractéristiques de pathologies. L’étudiant peut aussi « découvrir le travail en binôme et toutes les dimensions du soin auprès du patient ».

Elsa, quant à elle, est aussi tutrice de nuit dans son unité de chirurgie, mais n’a pas encore bénéficié de la formation de tuteur. Lorsque sa cadre lui a annoncé qu’un étudiant de semestre 1 allait venir pour un stage complet de nuit, elle a d’abord pensé qu’il y avait une erreur. Au final, elle déclare que c’était « hyper intéressant et enrichissant, stimulant ». Bien sûr, l’étudiant avait tout à apprendre, mais le fait de travailler de nuit a permis de progresser dans les apprentissages. Étudiants et tuteurs y ont trouvé une grande satisfaction.

Regard d’un étudiant

Yona, actuellement étudiante infirmière en troisième année, a découvert le travail de nuit, à sa demande, alors qu’elle était en semestre 2, avec un stage complet de nuit de 5 semaines dans un service de médecine infectieuse et tropicale. Elle explique qu’elle a « adoré ». Son stage commence par deux journées de travail pour découvrir le service et l’équipe, puis elle passe de nuit. Elle y découvre un rythme de travail qui lui paraît plus calme et apaisé que dans un service de jour. L’ambiance, les lumières feutrées, le niveau sonore réduit, la disponibilité des tuteurs qui l’encadrent, lui permettent d’en apprendre beaucoup sur un secteur pourtant peu accessible, en termes de connaissances, à des étudiants de première année. Elle estime que c’est une chance pour eux de découvrir un secteur si spécifique en toute sécurité et de pouvoir y développer des compétences. Elle remercie son Ifsi qui lui a permis d’expérimenter ce mode d’exercice, et ce secteur « pointu » en semestre 2, ce qui lui a sans doute donné envie de travailler à l’hôpital.

La temporalité, avec des moments de « creux », lui a donné l’occasion de « faire toutes ses recherches sur les pathologies, traitements… » pour travailler son raisonnement clinique. Elle s’est sentie intégrée à l’équipe et a pu vivre le travail en binôme IDE-AS préconisé dans son institut de formation. « Les tuteurs, plus disponibles » ont pris le temps d’échanger, de transmettre bien plus que des connaissances, afin qu’elle progresse aussi dans sa posture professionnelle. Yona a très bien perçu la place accordée au soin relationnel, le patient étant peut-être plus demandeur, face à des soignants sans doute plus disponibles.

Concernant le suivi du stage, Yona précise que celui-ci a été facilité : « pas besoin de courir après son bilan de mi-stage ou un entretien avec l’IDE pour faire le point sur ses acquis ». Le suivi est réalisé tout naturellement « au fil de l’eau », lors des moments d’échanges et de partage. Elle a même pu bénéficier d’une rencontre de stage avec un formateur de son Ifsi. De plus, la communication avec le cadre de jour, maître de stage, a été établie via différents canaux : e-mails, SMS et appels téléphoniques. Ainsi, elle s’est sentie bien accompagnée et bien suivie.

Yona se dit chanceuse : elle aime le rythme de nuit et n’a aucun problème de sommeil. Selon elle, il faut tester le travail de nuit pour se rendre compte, car pour certaines personnes, cela peut être difficile de prendre ce rythme et la fatigue est trop importante. À l’heure où nous écrivons ces lignes, la jeune femme, diplômée dans quelques semaines, vient d’accepter un poste de nuit dans un secteur de réanimation. Pour elle, il ne pouvait en être autrement !

L’auteure remercie les soignants de nuit interviewés pour leur précieuse collaboration.