Lien entre secteurs médical et médico-social : un pas de côté…

Dans mon enfance, nous chantions souvent le refrain de cette comptine : « 3 pas en avant, 3 pas en arrière, 3 pas sur le côté, 3 pas d’l’autre côté ». Un pas de côté dans le secteur médical pour laisser une place à celui du médico-social ? Une autre ouverture ? Une autre vision ? C’est au travers de mes différentes expériences professionnelles que j’aborde ce thème, en suivant le fil conducteur du handicap.

UN CADRE DE SANTE CREATIF ?

Et si on rajoutait le mot créativité aux mots cadre de santé ? Serait-ce antinomique ? Si on sortait des sentiers bien tracés pour oser étendre ses cordages, créer des passerelles, bousculer nos habitudes et notre rigidité hospitalière, rêver à une nouvelle forme d’accompagnement du « patient », ou plutôt de la « personne » ? Regarder au-delà des barrières que l’on a peut-être soi-même érigées ?

Faire le lien entre le médical et le médico-social… Cela implique de créer des partenariats, mettre en place un réseau, impliquer d’autres personnes qui ne sont pas forcément des professionnels (aidants familiaux, associations, bénévoles, fondations), répondre aux appels à projets, rencontrer d’autres publics…

SUIVRE LE FIL D’ARIANE DU HANDICAP

Le domaine du handicap est pour cela une excellente école. C’est là que j’apprends la nécessaire approche systémique de la personne dans son environnement, son milieu social et culturel, ses habitudes de vie. Ce n’est qu’en tenant compte de ces éléments et en les complétant par nos compétences interdisciplinaires (soignants, éducateurs, animateurs de loisirs, médecins, travailleurs sociaux, psychologues…) que cet accompagnement sera le plus adapté. Car il s’agit bien d’adaptation, tout au long de ce parcours semé d’embûches et de réussites, parsemé de petits bonheurs à déguster chaque jour.

C’est en suivant le fil d’Ariane du handicap que j’ai élargi mon champ de vision dans ma fonction de cadre de santé. Partant du service des blessés médullaires en rééducation fonctionnelle au centre de réadaptation de Mulhouse, j’ai poursuivi mon chemin par l’ouverture d’un EHPAD dont un accueil de jour pour personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Puis l’occasion m’a été donnée de créer une filière aide-soignante en formation professionnelle, les apprenants étant eux-mêmes en situation de handicap. C’est là que le « je sais faire et je connais » redonne sens à ces personnes fragilisées, au-delà des diplômes officiels.

UNE EXPERIENCE INTERCULTURELLE

Des voyages d’étude (Cambodge, Kosovo) ont complété mon regard sur le handicap et l’approche holistique de la personne. Au Cambodge, la famille fait partie du « prendre soin », marchant aux côtés du blessé, passant peu à peu le relais de cette prise en charge aux professionnels, puis au patient. Au Kosovo s’est développée toute une « pair-émulation », où le patient devient formateur, faisant part de son expérience à ses pairs en situation similaire. Les professionnels deviennent tuteurs, sollicités si besoin.

LA BOUCLE EST BOUCLEE

Aujourd’hui, c’est au centre d’accueil « Le Rimlishof », en Alsace, que je boucle ma carrière de « liant ». Le premier défi a été la création et l’ouverture d’une micro-crèche de 10 places dont 3 pour l’accueil d’enfants en situation de handicap. Là encore, le lien entre les deux secteurs a été primordial.

L’angle d’entrée de la sphère handicap au Rimlishof par les vacances et les loisirs complète ma vision : comment se vit-il dans un contexte différent, hors institution ? Quel sens donner aux aidants familiaux et à leur réel besoin de répit ? Et là encore, comment se concrétise le lien entre médical et médico-social ? Encore tout un pan à vivre et à découvrir !

CONCLUSION

Je veux souligner encore la nécessité de ce lien entre les deux secteurs, pour une approche intelligente de la personne malade. N’ayons pas peur de sortir de nos chemins tout tracés et osons la différence !